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Chine : l’affaissement des sols menace près de la moitié des grandes villes

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Une étude menée à partir de données satellites dresse un tableau inquiétant de l’urbanisation en Chine. Sur 82 grandes villes analysées par les chercheurs, près de la moitié sont en train de s’affaisser, dont certaines « rapidement ».  

Les villes de Chine grandissent et se développent. Mais cette vague d’urbanisation pourrait être menacée par la « subsidence », l’affaissement de la surface de la croûte terrestre. Une étude publiée le 18 avril dans le journal Science révèle ainsi qu’à mesure qu’elles s’étendent, certaines métropoles chinoises s’enfoncent aussi.

Pour comprendre l’ampleur du phénomène, une équipe de chercheurs de différentes universités chinoises s’est intéressée à 82 grandes villes, toutes peuplées de plus de 2 millions de personnes. Les données fournies par le satellite Sentinel-1 leur ont permis de mesurer les changements et mouvements verticaux de la terre à travers le pays entre 2015 et 2022. Et les conclusions sont peu engageantes.

L’étude démontre que 45% des territoires examinés s’enfoncent à une vitesse « modérée », au rythme de plus de trois millimètres par an, et que 16% s’affaissent « rapidement », à raison de plus de 10 millimètres par an. Ce qui concerne respectivement 67 et 270 millions d’habitants.

Danger sur les côtes

Les villes confrontées à de graves affaissements sont concentrées dans cinq régions et couvrent à la fois le littoral et l’intérieur du pays. Pékin et plusieurs capitales régionales comme Fuzhou et Xi’an, entre autres, sont touchées par le phénomène. Il en va de même pour Tianjin, où des milliers d’habitants ont été évacués d’immeubles l’année dernière après l’apparition de failles dans les rues. Mais l’étude s’inquiète tout particulièrement des conséquences de la subsidence pour les régions côtières. Selon les projections des chercheurs, un quart des zones côtières se retrouvera sous le niveau de la mer d’ici à 2120, à cause « des effets combinés de l’affaissement urbain et de la montée des eaux » provoquée par le changement climatique. Une situation qui pourrait mettre des millions de personnes en danger avec des menaces d’inondations à répétition.

Activité humaine

Les chercheurs associent plusieurs facteurs, à la fois humains et naturels, à cette évolution. Ils ciblent notamment le développement des réseaux de transports et l’exploitation minière. Mais ils pointent surtout la responsabilité du poids des bâtiments, « qui exerce une pression géostatique sur le sous-sol urbain » et l’épuisement des nappes phréatiques, dont l’eau est drainée pour répondre aux besoins des populations. Cet assèchement conduit à « une diminution de la pression interstitielle et à un tassement du sol », rappellent les scientifiques.

« Je pense que l’extraction d’eau est probablement la raison principale », estime Robert Nicholls, professeur à l’université d’East Anglia, interrogé par la BBC. « En Chine, de nombreuses personnes vivent dans des zones qui ont été sédimentées assez récemment, du point de vue géologique. Lorsque vous retirez les eaux souterraines ou que vous drainez les sols, elles ont tendance à s’affaisser », analyse le chercheur.

Contrôler l’extraction d’eau

Le phénomène n’est pas nouveau. Shanghai, par exemple, s’est enfoncée de 2,6 m entre 1921 et 1965 et de plus de 3 m en un siècle. Mais elle a réussi à réduire sa vitesse d’affaissement à environ cinq millimètres par an en mettant en place des mesures environnementales pour réguler l’extraction d’eau. Des mesures similaires prises à Tokyo et Osaka ont permis, là aussi, de ralentir la subsidence des métropoles japonaises.

Des succès qui poussent les chercheurs à préconiser avant tout « un contrôle à long terme de l’extraction des eaux souterraines » pour enrayer et stabiliser le processus. Quant au littoral menacé par les inondations avec l’affaissement du sol et la montée des eaux, l’étude parie sur l’efficacité des digues, mais ces dernières demandent « un entretien et des améliorations constantes », car, rappelle-t-elle, « elles sont, elles aussi, sujettes à l’affaissement ».

Arrêter complètement la subsidence est impossible et l’enrayer reste difficile. « Il faut vivre avec ce qu’il reste » et s’adapter, confie le professeur Nicholls au New York Times. Les chercheurs de l’étude appellent à des efforts « coordonnés et collaboratifs » entre politiques, ingénieurs et chercheurs pour « répondre efficacement au défi de l’affaissement des villes. »

Rfi

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