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Mouhamed Ben Diop, candidat à la Présidentielle : « À égale situation, je développe le Sénégal en un temps record »

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Pur produit de l’école sénégalaise, le candidat déclaré Mouhamed Ben Diop, leader du parti Pass Pass, a travaillé dans le privé et dans l’administration (ADPME) pendant une dizaine d’années avant de s’installer en France. L’ingénieur financier et expert de la JICA a finalement quitté son poste à la Banque européenne en France pour se consacrer à son pays. Entretien-découverte avec un technocrate qui titille les politiques.

Mouhamed Ben Diop, vous êtes candidat déclaré à la Présidentielle du 25 février 2024. Quel a été le déclic ?

Il n’y a pas eu de déclic. C’est parti d’un constat général qui a été fait sur la situation du pays. Un constat basé sur l’évolution de la société sur les plans socio-économique, culturel, sanitaire, et le niveau d’avancement du Sénégal compte tenu des potentialités que nous avons et que nous nous glorifions à la face du monde. Et plus on avance, plus on a de nouvelles perspectives, opportunités, mais, derrière, c’est comme si les ressources humaines ne suivaient alors que nous en avons parmi les meilleures de ce monde. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de concourir pour demander la confiance des Sénégalais. J’ai voulu être médecin, policier ou avocat pour réparer des injustices. Mais je trouve que la seule station où je me sens capable de pouvoir interagir sur la situation globale des Sénégalais est la station présidentielle.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

Je suis un pur produit de l’école sénégalaise. Après le Bac, j’ai eu à faire deux à trois diplômes de troisième cycle au Sénégal après une Maitrise en Audit financier et comptable. J’ai un diplôme d’études spécialisées en ingénierie financière avec cinq spécialisations. Ensuite, j’en ai fait d’autres dont un troisième cycle en Finance et un dernier en Management et Stratégie. Par la suite, je suis parti en France. Auparavant, mon dernier emploi au Sénégal, après avoir fait une bonne partie de l’administration publique, a été un poste de directeur financier pour la construction de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass. Je suis aussi passé par la Médecine où j’ai été secrétaire exécutif du premier syndicat des cliniques privées du Sénégal puis directeur financier d’une université privée en médecine non sans travailler pour le compte de l’ADPME comme expert financier. Pour dire que quand je quittais le Sénégal, j’avais plus de 10 ans d’expérience.

Pourquoi Pass Pass, quelle est l’idéologie de votre parti ?

Au Sénégal, nous sommes arrivés à un stade où pour apporter sa contribution dans l’évolution, il faut avoir une conviction profonde. Et quand on parle de ‘Pass Pass’, c’est un mot relié à la religion. Parce qu’on suppose que, dans la religion, il n’y a pas de tricherie. Même dans l’engagement de la personne, l’engagement est d’intérêt parce qu’il y a une récompense une fois dans l’au-delà. Nous croyons en Dieu, au Prophète (PSL), aux grands érudits, sans les avoir jamais vus. Et chaque jour, nous renouvelons notre allégeance ou engagement de nos cultes pour avance dans la vie et cela nous permet de supporter pas mal d’épreuves de la vie. C’est la même chose pour ce pays. Nous devons être en mesure de pouvoir supporter les péripéties que nous vivons.  D’ici au développement du pays, tout ce que nous devons rencontrer comme problématique, nous devons pouvoir le supporter et nous supporter. D’où le mot Pass Pass qui regroupe la réconciliation et la reconstruction. Nous avons été les précurseurs dans ce sens. Il s’agit ici de repartir de l’existant, qu’on ne peut pas à la poubelle, renforcer tout ce qui est structurel et arriver à l’épanouissement des Sénégal.

Et pour ce qui est de la couleur (noir et blanc) ?

Le noir et le blanc, ce sont deux couleurs assez significatives. J’aurais pu vous dire que c’est pour sortir de l’ombre pour aller à la lumière. Ce sont les deux seules vraies couleurs. Le noir, c’est l’ardeur dans notre travail. Ce qui fait que lorsqu’on n’arrive pas à voir notre niveau de fatigue parce que cela est inhibé dans le noir. Le blanc, c’est dans la clarté de ce qu’on fait, pour que les gens retrouvent l’espoir. Dans le blanc, il y a cette perspective d’un avenir radieux qu’on ne pourra atteindre qu’après un travail ardu.

Cela montre votre enracinement dans les valeurs du Mouridisme ?

Oui. C’est aussi une couleur qu’on retrouve chez nos amis Layènes et dans toutes les confréries. Bref, dans notre quotidien. Le noir est symbole de sobriété et nous avons besoin de cet état d’esprit pour faire avancer le pays.

En tant qu’ingénieur financier, qu’est-ce que vous proposez pour une économie plus inclusive ?

C’est une question intéressante. Pour la première fois, on me pose la question ou fait la relation entre ingénieur financier et l’économie du Sénégal. Le mot ingénieur signifie créateur. Un ingénieur financier, par excellence, est un créateur de solutions financières. L’idée c’est de partir de la réalité actuelle, de ne pas augmenter les charges, pour renforcer la structuration financière tout en apportant une plus-value. A égale situation, avec ce niveau de revenus, je développe le Sénégal en un temps record. En six mois, le Sénégal est indépendant sur le plan alimentaire. En un an, le Sénégal est indépendant sur le plan énergétique. Et je multiplie par 9 les ressources du pays. En quoi faisant ? L’agriculture me permet de créer, à égale situation, jusqu’à 9 millions d’emplois. Ne serait-ce qu’au niveau des charges sociales, c’est quelque chose comme 15 à 17 milliards FCfa de revenus pour les caisses sociales. Je ne parle pas des impôts, de la TVA et autres. Juste pour dire que si on n’a pas le courage et la volonté politique qu’il faut pour faire face et changer radicalement le système, on aura du mal à décoller. Le fait d’être un ingénieur financier permet d’activer les bons leviers et non sur un effet massue qui consiste aujourd’hui à s’endetter.

Vous aviez annoncé votre candidature à la Présidentielle mais aussi votre participation aux Locales. Quel a été le résultat sur le terrain pour les Locales ?

Au moment des Locales, on était engagé dans la campagne mais pour préparer la Présidentielle. Nous avons fait les Locales dans ce sens. C’est à ce moment que nous avons commencé nos parrainages pour pouvoir être très à l’aise. C’est un signal que nous voulions lancer et sortir de notre cadre en invitant à voter pour le candidat qui corresponde le plus au besoin de sa localité.

Le Sénégal est à la croisée des chemins, avec une amorce de développement combinée à la découverte du pétrole et du gaz. Quel type de président devrait-on avoir désormais ?

Là-dessus, je peux être assez ironique en vous disant : ‘’nous ne devons pas avoir un président qui a les traits d’une allumette’’. De l’autre côté, j’ai deux lectures en tant qu’expert. La première, c’est que dans les 10 ans à venir, le Sénégal ne sera pas dans le peloton de tête des pays producteurs de pétrole. Et ce, quelque soit ce que les gens disent sur les réserves que nous avons ou pas. La seconde chose, le président Léopold Sédar Senghor, lorsqu’il faisait ses adieux dans les foyers religieux dans les années 80, il disait aux érudits que le Sénégal a du pétrole et que l’exploitation allait suivre l’année suivante avec son successeur (Abdou Diouf). De 1981 à 2000, est-ce que le Sénégal n’était pas dans une forme de production ? Il faut aller faire des recherches dans ce sens. Aussi, on produit du phosphate depuis 1940. Le réseau ferroviaire a été arrêté du temps d’Abdou Diouf avec le plan d’ajustement structurel. Par contre, le réseau ferroviaire du phosphate n’a jamais arrêté. A qui ça profite ? Jusqu’en 2023 où nous nous attelons à mettre en place un réseau ferroviaire. La nouvelle génération ne va pas nous croire si on leur dit que dans les années 80, 90, jusqu’à la première alternance, en 2000, on pouvait quitter Dakar et aller à Tambacounda ou Saint-Louis en train. Le déplacement en train n’a pas commencé avec le TER. Le second constat est que je ne crois pas au développement du Sénégal par le biais du pétrole et du gaz. Certes, on aura des revenus additionnels mais pour moi, c’est la cerise sur le gâteau. Nous devons le considérer ainsi, et cela doit permettre de booster le pays. On a tout ce qu’il faut pour développer le pays. Le Sénégal a besoin de ‘quick win’, de mesures rapides qui donnent des résultats rapides car nous sommes une société qui ne peut plus attendre. Pour cela, on doit leur offrir des perspectives et d’épanouissement avec des ressources endogènes.

Malgré les gros chiffres annoncés par le régime, le Sénégal reste ce gros importateur de denrées alimentaires notamment. Comment faire pour inverser la tendance et connaître une vraie industrialisation ?

Le plus gros montant ne dépasse pas 600 milliards de FCfa revenus. Je peux me tromper mais c’est l’équivalent de notre facture d’exportation vers le Mali. La seconde des choses est que nous importons 70 % de denrées alimentaires, des produits finis. On ne peut pas développer un pays en ayant ce niveau d’importation de denrées alimentaires. Sachant que pour la plupart du temps, la matière première vient de l’Afrique voire du Sénégal. Quelque soit la politique qui est menée, on n’aura jamais la mainmise sur la régulation de ces prix parce que cela ne dépend pas de nous. Par contre, pour inverser la tendance, cela doit passer par le développement agricole. Qu’on se le tienne pour dit, on ne peut pas développer le Sénégal sans ce secteur. Nous avons 4 millions d’hectares de terres arables, 500 mille sont aménagées, 200 mille sont exploitées. Et ce n’est pas normal. Au-delà, on a plus de 25 milliards de m3 d’eau douce que nous perdons tous les ans et que nous pouvons récupérer. Nous avons plus de 3000 heures d’ensoleillement et le Sénégal aurait pu être indépendant sur ce plan depuis très longtemps. Pour un investissement de 200 à 300 milliards de francs Cfa, on peut équiper 20 millions de foyers. Or, on a 18,250 millions d’habitants. Donc, toutes les conditions sont réunies. Et quand je parle d’agriculture, il faut le prendre comme tout ce qu’il y a comme nouveau système de développement, l’intelligence artificielle, l’agriculture en terrasse… Ce sont des innovations là que je veux voir dans mon pays.

Sur quels leviers l’actuel président Macky Sall a réussi à faire des progrès ?

Il a réussi à faire des progrès. Je ne peux parler de reconstruction du pays et cracher sur tout ce qu’il a fait. Notamment au niveau des infrastructures. Autant, lors mes tournées à l’intérieur du pays, j’ai eu du mal à entrer à Ziguinchor, autant juste après, j’ai voyagé sans problème sur les axes Sédhiou-Ziguinchor-Kolda. Il est passé de 2000 km de goudron à 10000 km. Il a eu le mérite de le réaliser non sans changer le visage de Dakar. Dans notre projet économique, nous prévoyons d’emménager la capitale à Saint-Louis, en faisant de Thiès un pôle économique. Cette région est dix fois plus grande que Dakar, qui va garder la capitale administrative, l’aéroport Léopold Sédar Senghor sera réouvert. Ce déplacement de la capitale permettra de développer un corridor qui passe par Louga. A partir de Saint-Louis, il y a moyen de faire un trafic fluvial sur le fleuve Sénégal. Sans oublier l’érection de port de Kaolack et Ziguinchor. Ce qui fait qu’un centre économique sera installé dans chaque capitale régionale.

Inversement, quels ont été ses flops ?

C’est comme avec ses prédécesseurs. On les attendait sur le plan social et là ils ont échoué. Le développement d’un pays passe pas le développement des personnes. Or, le Sénégal n’a jamais connu pareille situation en matière migratoire. Macky Sall, c’est le premier président élu qui est né après les indépendances. On avait espéré qu’il allait sortir cette jeunesse de la soif de faire bouger les choses. Sur 10 millions de personnes en âge de travailler, il n’y a que 500 000 mille qui touchent un salaire normalement, avec un contrat en bonne et due forme. Les 300 000 sont dans le privé, les 200 000 dans la fonction publique. Le développement de l’agriculture et de l’élevage a foiré. Qu’est-ce qui a été fait dans le secteur de l’artisanat et ses 100 métiers ? Pareille pour la Chambre des métiers. Aucune école ne fait la relation avec cette institution. Nous préférons prendre des produits qui nous viennent du Maroc alors qu’à Ngaye Méckhé (Thiès), il y a une panoplie de produits qui ne sont pas exploités. Nous avons des ministères, agences et autres qui devraient accompagner ces gens-là. En 2006, il était question de former des artisans en Malaisie pour faire rayonner le Sénégal. Mais le partenariat s’est perdu dans les valises diplomatiques. Nous allons chercher des technologies, des expertises pour le compte du Sénégal mais derrière ce n’est pas utilisé. Ce sont des choses sur lesquelles il était attendu et il ne l’a pas fait.

Quelle démarche adopter finalement pour que les politiques aient plus de « Pass Pass » dans les affaires de la cité et non sur des débats politiciens ?

On s’inscrit dans un engagement citoyen, patriotique. Je fais partie des experts qui mettent en place des solutions ou des directives de la banque européenne en France. J’ai démissionné parce que je pense que je peux apporter beaucoup plus au Sénégal. Si ce n’est pas de l’engagement républicain, du Pass Pass, je ne sais pas ce que c’est.

Malgré la floraison de candidats indépendants comme la vôtre, le débat reste orienté sur le tandem Macky-Sonko. Cela ne constitue-t-il pas un frein pour la force de propositions que vous incarnez ?

Ces deux personnalités sont des acteurs politiques. Autant que nous. Il appartient à quatrième force qu’est la presse de mettre le curseur sur les autres. Il y a plus de 230 candidats déclarés, donc 230 nouveaux projets qu’on vous présente. Pourquoi rester sur des « candidatures anciennes » ? Qu’est-ce qu’ils apportent de nouveau ? J’ai toujours en psychose l’épisode de feu Djibo Ka avec Abdou Diouf. J’ai milité avec lui à l’époque. Je n’ai hésité à claquer la porte après qu’il soit retourné dans la maison mère (PS). Donc où se trouve l’alternative, le changement ? Les Sénégalais ont besoin de la bonne information et savoir qui sont ces 230 candidats. Sachant que le développement du Sénégal se fera avec un jeune qui sera entouré. Sans cela, on n’ira nulle part.

Le parrainage a démarré depuis quelques semaines. Au niveau quelles régions avez-vous du mal à réunir le minimum requis ?

On est très à l’aise là-dessus. Pass Pass est présent dans les 557 communes du Sénégal. D’aucuns nous diront que c’est facile d’avoir des représentants dans chaque commune mais en tout cas, nous l’avons fait. Nous sommes dans une dynamique d’avoir nos parrainages et nous les avons eus bien avant. En décembre de l’année dernière, nous avons réuni plus de 120 000 parrainages. Depuis lors, cela se n’arrête pas. Pass Pass est dans une dynamique. Sur les candidats déclarés, certains sont venus nous voir pour accompagner notre candidature et cela permettra de réduire drastiquement le nombre pléthorique de candidats. Je remercie les Sénégalais pour la confiance à qui je donne de l’espoir. Je ne leur vends pas du vent et ils s’identifient au discours de Pass Pass. C’est un rendez-vous sur lequel nous seront présents.

Quelle lecture faites-vous du refus de la Direction générale des élections (DGE) de délivrer des fiches de parrainage au mandataire de Sonko malgré la décision de justice ?

Au risque de vous décevoir, je n’ai aucune lecture à faire. Ce qui m’intéresse, c’est le projet de société que j’ai pour le Sénégal, le discours que je tiens. Qu’il (Ousmane Sonko) ne participe pas, cela fait mon affaire car cela venir des gens chez moi. Quand j’ai déclaré ma candidature, il était dans la course. Pareil pour le président Macky Sall. Donc, qu’ils ne soient plus là, ça me donne plus de chance. Qu’il y ait 150 000 experts en droit qui disent que ce n’est pas normal, l’administration fera ce qu’elle a à faire. Il faudra travailler pour accéder au pouvoir afin de changer les choses. Que les gens attaquent Thiendela Fall (DGE) ou un autre, ne change rien. Qu’on n’arrête ce débat à deux balles. Ce n’est pas dans mon salon que je vais changer les choses.

Oui mais cela reste un débat judiciaire, globalement, de l’enjeu de la bonne marche de la Justice ?

Il faut faire la part des choses entre la justice politique et les affaires politiques liées à la justice. La justice, dans son ensemble, est rendue chaque jour que Dieu fait. Pourquoi devrait-on juger tout un ensemble par rapport au dossier judiciaire d’une seule personne. J’aspire à diriger ce pays, donc ce sont des gens que je dois protéger quelque part et les mettre dans les conditions pour qu’ils fassent correctement leur travail.

 

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