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Ian Mahinmi, ambassadeur de la BAL : « La saison 4 arrive avec son lot d’innovations »

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Ambassadeur de la Basketball Africa League (BAL), Ian Mahinmi est à Dakar pour donner un avant-goût de ce qui attend les fans pour la saison 4. L’ancien pivot français d’origine béninoise et jamaïcaine, 36 ans, a parlé de l’ascension surprise de l’AS Douanes (Sénégal), finaliste de la dernière édition, de ses projets au Bénin, du développement du sport en général.

En tant qu’ambassadeur de la BAL, quelle appréciation faites-vous des trois premières saisons ?

Je suis très content. Moi qui ait vu le lancement de cette BAL. On était tous dans une bulle à Kigali. Il n’y avait pas vraiment de fans. Un petit tournoi qui a lancé la première saison. Et de voir en fait la façon dont on a grandi depuis cette première saison jusqu’à maintenant… Quand je vois maintenant les ambitions qu’on a pour la saison 4, même si je ne peux pas les dévoiler, la Ligue grandit à vitesse grand V. Que ce soit d’un point de vue institutionnel, de niveau sur le terrain. Vous qui nous avez suivi tout au long des saisons, vous voyez que le produit a énormément évolué. On a un basket de qualité et on a tout cet écosystème autour du terrain qui s’organise et grandit à l’échelle continentale. Le développement de l’économie, de l’industrie du sport qui est en plein boom un peu partout. Je passe énormément de temps au Bénin. On n’a même pas d’équipes dans la BAL mais grâce à la BAL, on s’est lancé dans des projets de construction de salles. Tout ça pour pouvoir se positionner à un moment donné. C’est ce que la BAL aspire à faire et c’est ce qui se passe vraiment en réalité. Si je dois faire un constat des trois saisons, cela excède mes attentes. Avant de lancer la BAL, on savait qu’on faisait quelque chose d’innovateur, qui allait changer l’image du sport sur le continent africain mais on ne savait pas à quelle vitesse ça allait s’opérer. En trois saisons, quand on voit ce qu’on a pu accomplir c’est assez exceptionnel et c’est pour ça que ça dépasse même les attentes. Je ne peux pas annoncer tout ce qui arrive mais quand vous allez savoir ce qui arrive pour la saison 4, on monte encore d’un cran. Et ce n’est pas un tout petit pas mais c’est un gros pas qu’on va faire. Je suis content de l’évolution de la BAL sur les trois dernières saisons.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre rôle d’ambassadeur de la BAL ?

Mon rôle est assez vaste. Pour la petite histoire, je suis rentré dans l’actionnariat de la NBA Africa avant que la BAL ne commence. À l’issue de la première saison dans la bulle, on avait un ambassadeur qui était Luol Deng. À la fin, à travers différentes conversations, le président de la BAL (Amadou Gallo Fall) est venu me voir et m’a dit : ‘écoute, ça a du sens de devenir un des ambassadeurs mais aussi Dikembe Mutombo, Joachim Noah, Pops Mensah-Bonsu…’ Quand ces conversations ont commencé, j’ai été très flatté, très honoré d’être considéré en tant qu’ambassadeur d’une Ligue aussi prestigieuse et qui représente beaucoup de choses pour nous, intrinsèquement parlant. Je me suis rendu compte que c’est aussi un moyen de reconnaitre un peu tout le travail que j’ai pu faire à ma petite échelle chez moi au Bénin. J’ai été flatté et c’est vraiment avec beaucoup d’humilité et de respect que je lui ai dit ‘peu importe ce que ça veut dire d’être ambassadeur de la BAL : let’s go !’ Ça a commencé par ça et puis on a commencé à délivrer un cadre d’ambassadeur. La définition d’un ambassadeur c’est de représenter la BAL partout dans le monde, que ce soit ici au Sénégal, au Rwanda, en France, aux Etats-Unis, en Asie… Peu importe où je vais, j’y vais toujours en portant ce drapeau de la BAL, en représentant toujours l’Afrique. Mon intention, même avant la BAL, a toujours été d’incarner une bonne représentation du continent. C’est vrai qu’à travers la BAL et mon rôle d’ambassadeur, j’ai cette opportunité de pouvoir porter haut et fort le drapeau de l’Afrique. Ça c’est une première mission en tant qu’ambassadeur. La deuxième, qui est un peu plus palpable, est celle de pouvoir être leader de communauté et d’avoir une plateforme pour vraiment parler à la population africaine, à sa jeunesse et surtout à tous ces fans du basket qui, dès fois, ont besoin d’un peu de leadership. Dire que c’est possible, c’est bien mais pouvoir le toucher, c’est autre chose. Je fais des camps partout dans le monde. Au Bénin, quand les jeunes me voient, on sent tout de suite dans leurs yeux, ça me donne des frissons, que ça devient possible parce que pour eux, je suis Béninois tout comme eux, donc c’est possible et ils peuvent le faire. Leurs perspectives changent instantanément. Donc, pourvoir influencer tous ces jeunes garçons et filles positivement et de leur donner pas forcément un espoir mais des choses concrètes, c’est faisable. Ce sont des choses qu’on fait en tant qu’ambassadeur de la BAL. On essaie de le faire le plus possible que ce soit à travers des cliniques, des panels de conversation partout où on va. On le fait à travers beaucoup de plateformes que la BAL offre. Dans mon rôle d’ambassadeur, il y a aussi ce volet un peu plus business. Mais stratégiquement, ça a du sens de rentrer dans des discussions purement business avec des personnes qui sont de ce milieu. On ne fait pas qu’en parler, on l’a vécu. J’ai été en NBA pendant 13 ans et avant d’y aller j’ai été professionnel à l’âge de 16 ans. Tout le milieu du basket, je l’ai côtoyé depuis plus de 20 ans. Ce sont des choses que je connais par cœur, des acteurs que je connais et côtoie depuis des années. Cette Ligue qui est opérée par la NBA mais aussi la FIBA, j’ai côtoyé ces deux univers. J’ai joué en Équipe de France, dans le championnat français et l’Euro Ligue qui sont un univers de la FIBA que je connais bien. Je connais un peu plus l’univers NBA. De rentrer dans ces conversations avec une connaissance à 360°, c’est aussi important. Voilà un peu mon rôle d’ambassadeur.

Quelles sont les perspectives pour la saison 4 de la BAL ?

Je peux vous dire, avec assurance, qu’on monte d’un étage. La Ligue grandit et a des attentes bien plus hautes que ce qu’on a eu l’année dernière. Je suis vraiment impatient de pouvoir faire l’annonce et que vous puissiez constater que la saison 4 arrive avec son lot d’innovations.

Quelle lecture faites-vous des performances d’Al Ahly lors de la FIBA InterContinental Cup ?

Al Ahly a montré une belle représentation de l’Afrique. Après, j’ai un peu ce goût amer et doux parce qu’on aurait dû rentrer avec la médaille de bronze. Mais en termes de représentation, je suis très fier du niveau de professionnalisme que cette équipe a su faire preuve que ce soit sur et en dehors du terrain. On aurait pu prétendre à une médaille de bronza et, pourquoi pas, à une finale. On a échoué sur le deuxième match contre Sesi Franca qui est l’équipe qui a finalement gagné le tournoi. Ça peut laisser rêveur en se disant que si on passe contre Sesi, on gagne peut-être. C’est juste pour dire que ce qui se passe dans le monde, c’est que la globalisation du basket est enclenchée et c’est quelque chose de réel. Je n’ai pas besoin de vous rappeler ce qui s’est passé à la Coupe du monde cet été où pour moi qui en ait joué deux, je n’ai pas vu un niveau transversal de compétition aussi haut. Dans tous les continents, on a des Nations qui peuvent gagner contre n’importe quelle autre. On parle du Soudan du Sud qui a été une très belle représentation, mais toutes les autres équipes africaines ont gagné un match. On a tous bien joué et c’est valable pour les autres continents. Les cartes sont redistribuées. Dans le basket, c’est très important, ça montre que la progression est palpable. Les gens ont souvent le mauvais réflexe de dire que l’Afrique, c’est pour demain mais c’est maintenant, c’est déjà enclenché.

Le Bénin n’a pas encore de représentant dans la BAL. Quels sont vos projets dans votre pays d’origine ?

Vis-à-vis de l’investissement que j’ai fait dans la NBA Africa, ça m’a donné la visibilité et la force de pouvoir entreprendre des grands projets. Quand je dis entreprendre, c’est surtout apporter des idées, donner des solutions, des moyens d’exécuter que je fais beaucoup au Bénin à travers différents secteurs. Grâce à cette nouvelle économie créée, il y a des envies d’infrastructures. Ici, au Sénégal, vous avez une belle salle, Dakar Arena. Et cela inspire d’autres pays à vouloir le faire. C’est vrai que je suis en possibilité d’accompagner mon gouvernement sur la construction d’une bâtisse pareille et surtout sur son opération parce que ce n’est pas juste le fait d’avoir une infrastructure mais pouvoir l’opérer. J’entreprends de développer aussi des programmes pour les jeunes. Le Bénin n’était pas forcément sur la map de la NBA Africa mais vu mon partenariat, on a signé un MOU entre le ministère des Sports et la NBA Africa pour le développement de ligues de jeunes. Ce qui est super quand on développe une industrie telle que celle du sport, toutes les autres carrières sont développées au même moment que le produit sur le terrain. Pour produire un événement comme la BAL à Dakar, on a besoin de plus de journalistes, d’équipements, de créations d’événement. Il y a plein de métiers autour du sport qui se dévoilent. C’est très important d’expliquer ces métiers à ces jeunes béninois qui ont souvent du mal à se projeter. Et pour eux, il n’y a pas de sport s’ils ne sont pas pro. Etant dans l’opérationnel, ça me donne une visibilité sur toutes les futures carrières qui se développent sur le continent africain mais aussi les opportunités qui en découlent. Au Bénin, c’est un peu mon cœur de métier et d’être un acteur prenant surtout dans la professionnalisation de notre sport.

Pour ce qui est, justement, du développement de l’industrie du sport, quel doit être le rôle des investissements mais aussi la place des basketteurs, du secteur privé mais aussi des États ?

Comme je l’ai dit au début, le basket est l’élément qui regroupe tout le monde autour de la table. Dans la vidéo de présentation, l’évènement de la BAL regroupe les gouvernements. On a vu le président Paul Kagamé (Rwanda) venir au match. On a surtout le suivi et l’accompagnement du public au Rwanda mais pas seulement là-bas. L’idée, c’est d’avoir toutes ces institutions autour de la table pour discuter de cette économie dans leurs pays. J’adore prendre part à toutes ces discussions qui sont très stratégiques. Avec pour ambition de faire grandir une économie du sport qui, pour moi, est essentielle. Si, en tant que pays, on ne donne pas de place au sport, on s’amputer parce que tous les jeunes de chaque pays aiment le sport. On parle de basket mais il n’y a pas que ça. Quand on parle de développer l’industrie du sport, il y a plein de métiers qui s’appliquent au sport en général. Nous, on le fait. Je pense que la plateforme est unique, innovante. Il n’y a pas une autre plateforme comme la BAL qui permet de développer le sport comme on le fait. On revient tous les ans, on regroupe des grandes villes emblématiques du paysage africain, on joue dans des infrastructures de rêve. Je ne pense pas qu’il y ait une autre plateforme comme ça en Afrique.

Les trois éditions ont été remportées par des équipes d’Afrique du Nord (Zamalek, Monastir et Al Ahly) bien que d’autres pays du continent aient de très belles sélections. Pourquoi une telle domination ?

Le sport est souvent cruel, plein d’imprévus. Une saison peut se jouer sur un shoot pris à la dernière seconde. On prend un shoot au buzzer et on perd toute sa saison ou ça se joue sur ton meilleur joueur qui se blesse. C’est fait de hauts et de bas. Dire que ce ne sont que des clubs nordistes qui gagnent, c’est anticipé. L’année dernière, on n’avait pas vu, en début de saison, l’As Douanes aller en finale. Jamais on n’aurait mis une pièce sur elle. Pourtant, elle l’a fait devant le Petro de Luanda (Angola). Même le Stade Malien est devenu favori à un moment donné de la compétition. C’est ça, la beauté du sport. Et le meilleur sur chaque saison a remporté l’édition. Ce que j’ai constaté, c’est que les équipes sub-sahariennes sont de plus en plus motivées et mettent de plus en plus de moyens. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’une de leurs équipes gagne. Les ambitions de cette Ligue, ce n’est pas qu’une équipe sub-saharienne gagne mais simplement créer une plateforme regroupant les meilleures équipes africaines. Et la meilleure gagne. Que ce soit une équipe du Nord, du Sud, de l’Ouest ou de l’Est.

Selon vous, qu’est-ce qui manque à l’AS Douanes pour remporter la BAL ?

L’AS Douanes a déjà été une belle surprise la saison dernière. Ils m’ont donné des sueurs. C’est une équipe qui manque un tout petit peu de constance, en courant alternatif. Ils sont capables de faire des choses magnifiques et passer complètement à côté de leur match. S’ils font preuve de constance dans leur façon de jouer, ce sera très difficile de les jouer parce que, à domicile, c’est une vraie valeur ajoutée. Quand ils jouent au stade et que ça chauffe, ça se ressent dans leurs performances. Ça c’est un acquis. Par contre, la réalité du terrain est importante et il leur manque un peu de constance.

Quel est votre 5 majeur sur les trois saisons de la BAL ?

C’est très difficile de dresser un cinq majeur. Majok, je pense que c’est le pivot référence de la BAL. À la mène, on ne peut pas faire sans Solo Diabaté qui a gagné deux trophées sur trois. Sur les ailes, les Angolais sont bons mais on a eu des Américains. On a des vétérans comme Morais qui sont performants année après année malgré leur âge, Slimane (Monastir) et Amin (Al Ahly). On n’a vraiment des joueurs très talentueux qui n’ont pas cette reconnaissance mondiale mais qui, j’en suis persuadé, dans d’autres championnats au-dessus de la BAL aujourd’hui, auraient autant de succès que ceux qu’ils ont aujourd’hui dans les ligues africaines.

On a connu la NBA Africa Game. Y-a-t-il un moyen d’organiser un match entre All star de la BAL et une équipe d’internationaux africains ou d’origine évoluant en NBA ?

(Rires) C’est une bonne idée ça ! Mais je ne peux vraiment pas m’avancer dessus parce qu’il y a plusieurs choses qui entrent en compte quand on parle de ce genre de match : les problèmes d’assurance, de timing, le lieu, les joueurs… C’est très compliqué même si c’est un concept à pousser. Après, les logistiques ne sont pas si simples que ça. Je ne voudrais pas m’avancer mais c’est une très bonne idée.

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