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Guerre à Gaza: un Aïd sous le signe du manque et de la souffrance pour les Gazaouis

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Dans la bande de Gaza, l’heure de l’Aïd a sonné la fin du Ramadan dans la soirée du mardi 9 avril. Un moment de fête gâché par la guerre et difficile à savourer, entre familles éparpillées, manque d’eau et de nourriture, colère et chagrin infini.

Une tente de 20m², c’est là que Sarah, son père, sa mère, ses frères et sœurs, ont passé le mois de ramadan, dans le centre de la bande de Gaza. « Le Ramadan n’avait aucune saveur cette année », s’attriste la jeune fille à qui il a manqué ce qu’elle retrouve d’habitude pendant cette période. « L’ambiance particulière, la tranquillité, la spiritualité et les sentiments que l’on éprouve généralement durant ce mois, on ne les a pas retrouvés. Cette année, on a eu le droit aux vrombissements des drones. Leur bruit est tellement fort qu’il masquait l’appel à la prière, qui marque le moment de la rupture du jeûne », décrit-elle.

Pas d’ambiance du ramadan, et pour l’Aïd alors ? Sarah étouffe un rire gêné, avant de répondre, non sans déception : « Nous n’avons rien préparé pour l’Aïd ». Pas évident de célébrer la fin du ramadan dans ce contexte, sans les proches. « La famille est éparpillée, explique la jeune fille. Une partie de nos proches et de nos amis sont à Gaza ville. Nous, on est ici à Deir al-Balah. La joie a quitté Gaza. On a entendu dire que la guerre allait finir avant ramadan. Puis, on nous a parlé d’une trêve pour l’Aïd. Je pense qu’on va passer des années à attendre la fin de cette guerre, et on mourra en l’attendant ».

Et puis, comment et autour de quoi célébrer quand on n’a plus rien ? Dans le nord de la bande de Gaza, Malak est retournée vivre dans les décombres de sa maison, à Jabaliya, un « désert de ruines », selon ses mots. « Personne ne peut imaginer l’ampleur de la destruction, sauf si vous la voyez de vos propres yeux, jure-t-elle. Chaque jour est une souffrance immense. Tout est difficile, trouver de l’eau, faire du feu ».

Dans ses messages vocaux, elle explique avoir perdu des membres de sa famille dans des bombardements israéliens, ainsi que tous ses souvenirs. Aujourd’hui, elle se sent piégée dans le nord de Gaza, où les habitants manquent de tout. Depuis deux mois, seuls les colis d’aide alimentaires largués par le ciel arrivent, sur lesquels les habitants se jettent au péril de leur vie.

Abdelrahman s’est blessé la semaine dernière lors du largage d’une de ces précieuses cargaisons : « J’ai couru pour aller prendre de la nourriture larguée par parachute. Je connais le danger, tu peux mourir en te faisant tirer dessus par les Israéliens, te faire piétiner par la foule. Moi, c’est un colis qui a écrasé ma jambe en tombant du ciel. Maintenant que je suis blessé, je suis incapable de nourrir mes frères et mes sœurs ». Mais il n’avait pas le choix, puisque les étals des marchés sont désespérément vides, assure Abdelrahman.

Une situation qui révolte Sarah, loin de l’apaisement d’un Aïd marquant la fin du Ramadan qu’elle apprécie tant. « J’aimerais juste pouvoir aller quelque part et hurler, crier ma rage. Mais même ça, j’en suis incapable, confie-t-elle. Pour le moment, je suis condamnée à rester ici sous la tente, à vivre sans intimité. Et je n’ose pas laisser exploser ma colère devant ma famille », se lamente la jeune fille. La colère, c’est tout ce qu’il lui reste dans une guerre qui semble sans fin.

Rfi

 

 

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