You are currently viewing De petits investissements mis à l’échelle transforment l’avenir des plus vulnérables au Niger

De petits investissements mis à l’échelle transforment l’avenir des plus vulnérables au Niger

  • Auteur/autrice de la publication :

À Gabéri, dans la commune rurale de Falwel au Niger, Aissa Amarou couvre désormais les frais de scolarité de ses enfants de toute l’année grâce à son nouveau troupeau de chèvres. Mme Amarou fait partie des centaines de milliers de Nigériens qui participent au déploiement du Mécanisme de financement de l’adaptation au niveau local (LoCAL) du UNCDF, qui distribue des subventions aux collectivités locales. Ces investissements à petite échelle aident les communautés à mettre en place des projets, transformant ainsi les capacités locales à l’adaptation aux impacts du changement climatique.

Il y a un peu plus d’un an, Mme Amarou a reçu un kit d’élevage Caprin avec une formation sur l’élevage et le maintien de son troupeau grâce à une subvention LoCAL reçue par son gouvernement local. La participation au projet s’est avérée transformatrice pour Mme Amarou et ses six enfants, car elle a pu rapidement faire grandir son petit troupeau, lui permettant de mieux nourrir sa famille et de générer des profits pour couvrir ses frais.

« J’ai reçu un kit d’élevage de chèvres composé de deux femelles et d’un mâle. Les femelles ont donné naissance à deux boucs et trois femelles », a déclaré Mme Amarou. « J’ai vendu les deux boucs pour acheter des fournitures scolaires pour les enfants, et le reste sert aux dépenses de la famille. »

L’investissement et la formation dans l’élevage caprin font partie des centaines de petits investissements réalisés au Niger qui améliorent la résilience des communautés aux impacts du changement climatique. C’est ainsi que la réhabilitation et la création de nouveaux puits ont amélioré l’accès à l’eau à Falwel et le nombre de bovins a augmenté de 50 % en à peine six mois. Les banques céréalières communales ont amélioré la gestion des denrées agricoles et la sécurité alimentaire de communautés entières. Les investissements ont également permis la régénération et la restauration des terres en utilisant des méthodes adaptées à l’environnement local et ont renforcé la capacité des communautés agricoles à minimiser la menace des feux de brousse tout en améliorant la qualité des sols.

Mme Amarou est l’une des 125 femmes de sa communauté participant au projet d’élevage de chèvres. Au total, ce sont 640 femmes dans 9 communes les plus vulnérables du Niger qui ont reçu des kits d’élevage caprins et une formation, payés par leurs gouvernements locaux suite aux subventions pour la résilience climatique basée sur la performance de LoCAL. Couvrant une population totale de 668 495 personnes, ces communes ont bénéficié d’une série d’investissements résilients au climat, conçus pour renforcer l’adaptation aux impacts du changement climatique au niveau local.

Le Niger, pays enclavé de la région du Sahel en Afrique de l’Ouest, est l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique, dont les impacts sont exacerbé par l’insécurité régionale croissante. Le pays est confronté à une forte hausse des températures, à des précipitations irrégulières, à des sécheresses fréquentes, à des inondations, à la désertification et à des infestations de sauterelles. Le changement climatique aggrave l’insécurité alimentaire, la pénurie d’eau, les conflits et les crises humanitaires dans un pays où plus de 80 % de la population dépend de l’agriculture et de l’élevage comme moyens de subsistance.

Pour faire face à ces défis, le Niger a mis en œuvre diverses actions d’adaptation au climat menées localement, avec le soutien de partenaires nationaux et internationaux. L’une de ces initiatives est le mécanisme LoCAL, conçu et géré par l’UNCDF, qui fournit des subventions basées sur la performance aux gouvernements locaux pour financer des investissements d’adaptation de petite et moyenne taille qui répondent aux besoins locaux.

LoCAL-Niger a été lancé en 2014 avec une phase pilote réalisée dans deux communes de la région de Dosso. Cette phase pilote a eu des retours positifs, notamment sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et a conduit le gouvernement et l’UNCDF à étendre LoCAL à 9 communes dans trois régions. Depuis, LoCAL-Niger a financé 64 investissements d’adaptation, bénéficiant directement à environ 118 000 personnes dans des régions du monde les plus vulnérables et les plus touchées par les conflits.

Le maire de la commune de Falwel, Amadou Boukata, 65 ans, a constaté l’impact de LoCAL dans sa communauté et souligne les avantages transversaux de l’approche LoCAL : « Nous disposons désormais de 120 km de bandes de pare-feu, de 20 hectares de terrain réhabilités, de la réhabilitation du puits de Gaberi et du forage d’un nouveau puits », a déclaré M. Boukata, une approche qui, selon lui, contribue à réduire l’exode de sa communauté , en particulier chez les plus jeunes. « Ces activités ont bénéficié à 3 042 personnes dont 1 552 femmes et, ce faisant, elles ont créé 115 emplois temporaires pendant trois mois », a déclaré M. Boukata. « Cela a permis de sédentariser les jeunes et de réduire l’exode des jeunes durant cette période. »

Pour M. Boukata, les subventions axées sur l’adaptation ont amélioré la vie quotidienne des jeunes et des femmes de la communauté, ce qui a eu de nombreux effets d’entraînement positifs.

« La réhabilitation et le fonçage des puits ont créé une certaine cohésion au sein de la population, car ils sont bien utilisés – non seulement par la population pastorale de Gaberi mais aussi par les éleveurs transhumants. Cela a permis de renforcer les liens entre les populations, créant la paix et la cohésion sociale au sein de cette communauté. »

Le Niger a connu une montée de l’instabilité et des conflits ces dernières années, avec une multiplication des incidents de pillage de bétail, d’incendies de stocks de céréales et de marchés ainsi que de meurtres et d’enlèvements d’agriculteurs. Des affrontements entre agriculteurs sédentaires et groupes pastoraux sont régulièrement signalés par le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (UNOCHA). L’insécurité croissante combinée aux impacts du changement climatique entraînent une augmentation des besoins humanitaires au Niger et dans ses pays voisins le Burkina Faso et le Mali, selon l’International Rescue Committee.

Le puits de Gaberi est l’un des 20 puits villageois facilités par LoCAL, donnant un meilleur accès à l’eau potable tout au long de l’année à 21 257 personnes dont Hadiza Ali, 60 ans et mère de sept enfants, qui est la présidente du comité de gestion du puit.

« Avant la réhabilitation des puits, les femmes devaient se rendre à Falwel – à 1,5 km du village – pour chercher de l’eau. Parfois, les enfants se battaient sur la route et bien souvent, ils partaient en retard à l’école. Mais depuis la réhabilitation du puit, nous consommons une eau de qualité. La fréquentation scolaire n’est pas perturbée. Le puit est fréquenté par plusieurs communautés – Peulh, Touareg, Zarma et éleveurs nomades – dans la fraternité et la cohésion sociale.

Laisser un commentaire