Après plusieurs jours de grisaille et de froid dans la capitale italienne, c’est finalement sous le soleil que le Pape François, dimanche 9 avril, après la messe de Pâques, a délivré son message Urbi et Orbi, depuis la loggia de la basilique vaticane, devant 100 000 fidèles réunis place Saint-Pierre. Comme le veut la tradition, le Souverain pontife est revenu sur les conflits qui enflamment le monde, appelant à accélérer le rythme de l’espérance.
Un panorama des conflits, des violences et des difficultés du monde entier. Une nouvelle fois, dans son message à Rome et au monde entier, François a tenu à rappeler que «l’espérance n’est pas une illusion, elle est vérité». Les premiers témoins de la Résurrection le montre avec leur exemple, les femmes comme Marie-Madeleine, les apôtres comme Jean et Pierre : tous courent où Jésus avait été enseveli. «À Pâques, finalement, la marche s’accélère et devient une course, parce que l’humanité voit le but de son parcours, le sens de son destin, Jésus Christ, et elle est appelée à se hâter à sa rencontre, espérance du monde», a déclaré le Pape.
Ce message Urbi et Orbi et Pâques est donc l’occasion pour le Souverain pontife de partager une invitation : «Hâtons-nous de surmonter les conflits et les divisions et d’ouvrir nos cœurs à ceux qui en ont le plus besoin. Hâtons-nous de parcourir des sentiers de paix et de fraternité».
Mais le chemin de la confiance et de la paix est plein d’embûches, a ensuite développé le Successeur de Pierre, demandant l’intercession de Jésus pour les peuples frappés par les guerres.
Le bien-aimé peuple ukrainien
Dans les pensées de François, d’abord les populations d’Ukraine et Russie, plongées depuis le 24 février 2022 dans la guerre, «Aide le bien-aimé peuple ukrainien sur le chemin vers la paix, et répands la lumière pascale sur le peuple russe.», a-t-il déclaré avec gravité, «réconforte les blessés et ceux qui ont perdu des proches à cause de la guerre et fais que les prisonniers puissent retourner sains et saufs dans leurs familles», avant d’appeler la communauté internationale à mettre fin à cette guerre, mais également aux autres conflits qui enflamment le monde.
La Terre sainte, plongée dans les violences
Parmi ces autres conflits, la Syrie «qui attend toujours la paix», jamais oubliée par le Pape: «Soutiens ceux qui ont été frappés par le violent tremblement de terre en Turquie et dans la même Syrie», a-t-il prié. Le 6 février, plus de 50 000 personnes sont mortes dans le double séisme qui a ravagé le sud de la Turquie et le nord syrien, notamment la ville d’Alep, déjà martyrisée par la guerre depuis mars 2011.
Ces derniers jours, Jérusalem a été marquée par des affrontements entre police israélienne et Palestiniens, sur l’esplanade des Mosquées et au sein même de la mosquée Al-Aqsa, des tirs de roquettes ont également eu lieu entre Israël et Liban. Une gradation des tensions inquiétante, qui n’échappe pas à François, «je manifeste ma vive inquiétude en raison des attaques de ces derniers jours qui menacent le climat souhaité de confiance et de respect réciproque nécessaire pour reprendre le dialogue entre Israéliens et Palestiniens, afin que la paix règne dans la Ville Sainte et dans toute la région».
Toujours dans la région, François a remis le Liban, plongé dans un marasme économique et politique sur le devant de l’actualité, «aide, Seigneur, le Liban qui est encore en recherche de stabilité et d’unité, afin qu’il surmonte les divisions et que tous les citoyens travaillent ensemble pour le bien commun du pays.» Depuis octobre 2022 et l’expiration du mandat de Michel Aoun, les députés libanais ne réussissent pas à se mettre d’accord sur le nom du prochain de chef l’Etat, alors que l’inflation était de 121% l’année dernière, rendant le quotidien de nombreux Libanais extrêmement précaire.
L’évêque de Rome a également eu un mot pour le peuple tunisien, en particulier les jeunes, les exhortant à ne pas perdre l’espérance et à construire un avenir de paix et de fraternité. Ces dernières années, face à la tournure autoritaire que prend le régime et les difficultés économiques du pays, de plus en plus de jeunes tunisiens font le choix d’une migration vers l’Europe, souvent au péril de leur vie.
Continuant son message, comme à son habitude, François a amené les pèlerins en Haïti, «qui souffre depuis plusieurs années d’une grave crise socio-politique et humanitaire», demandant là encore, la solidarité de la communauté internationale.
La paix sur continent africain
Le Souverain pontife a par la suite déplacé son curseur sur le continent africain. Demandant à ce que les processus de paix et de réconciliation entrepris en Éthiopie et au Soudan du Sud soient consolidés, et que cessent les violences en République démocratique du Congo, où il s’est rendu quelques mois plus tôt. Il avait notamment rencontré les victimes d’exactions dans l’est de la RDC, empêtré depuis des décennies dans une guerre civile.
«Soutiens, Seigneur, les communautés chrétiennes qui célèbrent aujourd’hui Pâques dans des circonstances particulières, comme au Nicaragua et en Érythrée», a-t-il continué, «souviens-toi de tous ceux qui sont empêchés de professer librement et publiquement leur foi». En effet, ces derniers mois au Nicaragua, de nombreuses ONG dénoncent les restrictions de plus en plus importantes sur la liberté religieuse, preuve en est, la condamnation de Mgr Rolando Alvarez, l’évêque de Matagalpa, à 26 ans de prison, prononcée en février.
Enfin, François a imploré du réconfort pour les victimes du terrorisme international, au Burkina Faso, au Mali, au Mozambique et au Nigeria.
Réconfort pour les réfugiés
Après avoir eu un mot pour la Birmanie et pour la minorité Rohingyas, François a consacré la dernière partie de son message aux «réfugiés, déportés, prisonniers politiques et migrants, en particulier les plus vulnérables, ainsi que tous ceux qui souffrent de la faim, de la pauvreté et des effets néfastes du trafic de drogue, de la traite des personnes et de toute forme d’esclavage».
Enfin, l’évêque de Rome a demandé au Seigneur d’inspirer «les responsables des nations pour qu’aucun homme ou femme ne soit discriminé et piétiné dans sa dignité ; pour que, dans le plein respect des droits humains et de la démocratie, l’on guérisse ces plaies sociales, que l’on cherche toujours et seulement le bien commun des citoyens, que la sécurité et les conditions nécessaires au dialogue et à la coexistence pacifique soient assurées.»
En conclusion de ce message Urbi et Orbi, une ultime invitation lancée par le Souverain pontife à une place Saint-Pierre fleurie et remplie de 100 000 pèlerins, «Frères, sœurs, retrouvons, nous aussi, le goût du chemin, accélérons le rythme de l’espérance, goûtons par avance à la beauté du Ciel !».
Vatican News