Les questions préalables continuent de meubler le temps ce lundi, à l’Assemblée nationale, en marge du vote de la loi portant dérogation des dispositions de l’article 31 de la Constitution. En commission, hier, le projet a été adopté et cela revient à donner au président Macky Sall un an de plus que son dernier mandat initial (2019-2024)
Prenant la parole, avant les discussions, le député-maire Barthélémy Dias a d’entrée félicité son collègue Thierno Alassane Sall (République des Valeurs) pour avoir exercé un droit constitutionnel en demandant une commission d’enquête parlementaire à propos des faits de corruption présumée de juges du Conseil constitutionnel. Il a ensuite précisé que la loi permet au président de la commission de la décentralisation, du travail et des droits humains, Moussa Diakhaté, d’exiger du gouvernement d’avoir à disposition le décret signé de la main du président Macky Sall et contresigné par le Premier ministre. « Sur cette base, nous pourrons avancer dans les débats », a-t-il dit.
« Si on laisse la majorité mécanique jouer son rôle, les populations ne l’accepteront pas »
L’édile de la capitale de se demander comment l’hémicycle va pouvoir gérer l’article 27 de la Constitution qui dit que la durée du mandat est de 5 ans, et que nul ne peut en exercer plus de deux consécutifs. Il s’interroge aussi sur les points d’accord obtenus lors du dernier dialogue national auquel sa coalition, Taxawu Sénégal, a participé contre vents et marées. Et d’avertir que, comme le 23 juin 2011, le peuple souverain va répondre présent si l’Assemblée vote en faveur de cette proposition de loi.
« Si on laisse la majorité mécanique jouer son rôle, les populations ne l’accepteront pas. Nous devons faire preuve de tenue, de retenue et de sagesse », a-t-il fulminé avant de dénoncer « l’hypocrisie de la CEDEAO et la fumisterie de l’Union africaine ». Qui, dans leur charte, indiquent que « nul ne peut changer les règles du jeu à six mois de la Présidentielle ». Une manière de considérer qu’on accorde à Macky Sall ce qu’on a interdit aux présidents de transition du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Son plaidoyer n’a pas été suivi d’effets puisque 103 députés ont voté pour la poursuite des travaux.