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Edifié sur son sort mardi prochain : le blogueur et activiste guinéen Djibril Agi Sylla reste en détention

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Les voies de Dieu sont impénétrables. Vêtu d’un ensemble bleu ciel demi-saison, le blogueur d’origine guinéenne qui a fui les représailles du régime militaire de son pays,  reste en prison au Sénégal. Jugé hier par le tribunal des flagrants délits de Dakar, pour défaut de titre de séjour, Djibril Agi Sylla dit le King connaîtra le sort qui lui est réservé le mardi prochain, date du délibéré. En effet, opposé au régime du Général Doumbia, traqué par les autorités de Conakry puis arrêté le 10 avril dernier à Dakar pour séjour irrégulier après trois ans d’exil, le blogueur et activiste encourt l’extradition si le tribunal suit le Procureur de la République qui a requis l’application de la loi.

Outre sa position sans équivoque, le ministère public s’est aussi opposé à la demande de liberté provisoire plaidée par les avocats du détenu soutenant que les chances de représentation du blogueur sont minimes. «Les débats d’audience prouvent qu’il y a encore des menaces de trouble à l’ordre public. Il n’a aucune garantie de représentation. Le détenu peut quitter à tout moment ce pays. Il n’y a aucune garantie que si vous lui accordez la liberté provisoire, il sera là mardi prochain», s’est-il opposé à la demande de la défense qui estime que les enfants de leur client inscrits à l’école sénégalaise, Djibril Agi Sylla n’a point d’intérêt à quitter le pays de la teranga.

« Je suis arrivé au Sénégal par voie terrestre. J’ignorais que pour fouler le sol sénégalais, il faut un titre de séjour où une carte consulaire », a-t-il répliqué aux questions qui lui ont été posées sur les modalités de son voyage de Conakry à Dakar. « Cependant, ajoute-t-il, quand j’ai foulé le territoire sénégalais, j’ai informé Amnesty international de ma situation. J’ai été orienté vers le Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (Hcr). Je m’y suis rendu au bureau de Dakar mais il y avait, ce jour-là, une longue file au point que mes enfants à l’école, j’ai rebroussé chemin et par négligence, je ne m’y suis plus rendu », a-t-il expliqué, s’estimant fautif sur ce fait.

« Ce n’est pas une erreur judiciaire»

En revanche, poursuivi pour un délit prévu par les dispositions de la loi de 1971 sur les titres de voyage, ses avocats dont Mes Aliou Sow, Adama Diallo et Amadou Aly Kane, ont défendu le contraire.

« Cette loi est obsolète. Elle est abrogée par les dispositions du traité de la Cedeao sur l’immigration en son article 59 qui stipule la libre circulation des personnes et des biens. Les citoyens de la Communauté ont le droit d’entrée, de résidence et d’établissement et les Etats membres s’engagent à reconnaître ces droits aux citoyens de la Communauté́ sur leurs territoires respectifs, conformément aux dispositions des protocoles y afférents. Les Etats membres s’engagent à prendre toutes les mesures appropriées en vue d’assurer aux citoyens de la Communauté la pleine jouissance des droits visés au paragraphe 1 du présent article. Les Etats membres s’engagent à prendre, au niveau national, les dispositions nécessaires pour assurer l’application effective des dispositions du présent article », ont-ils dit. Suffisant pour les avocats de Djibril Agi Sylla de parler d’une procédure contraire aux dispositions supra aux lois et règlements en vigueur dans les pays concernés. « Nous avons un client qui a été chargé et surchargé par le parquet. C’est une interpellation grave. Nous devons effectivement parler de la gravité de son interpellation. Est-ce qu’un membre et citoyen de la Cedeao peut-il véritablement être poursuivi au Sénégal pour séjour irrégulier. C’est un acte assez grave qui peut remettre en question la sécurité des sénégalais ailleurs et dans la sous-région », a fait remarquer Me Aliou Sow, évoquant des erreurs judiciaires. « On ne peut parler d’erreur judiciaire. C’est grossier. Ce sont des poursuites fondées et justifiés », a rétorqué le parquet.

Libération 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

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