Une centaine de membres du 12e Gaïndé qui revendiquent le surnom de « mains propres » s’est insurgée ce lundi, en conférence de presse, de la gestion jugée opaque du président Issa Laye Diop. Parmi eux, Saliou Ngom alias « Paco Sénégal Rek », Mouhamadou Fall dit « Fall drapeau », Pape Massal Diédhiou, jusqu’alors président de la commission culturelle. Ils ont démarré par une minute de silence pour la mémoire de ‘Thiam 12e Gaïndé’, ‘Ndiaye drapeau’ et autres disparus, avant que Pape Moussa Diallo ne lise le mémorandum. Et c’est pour déplorer le fait que, depuis 2014, après des journées de réflexion, le bureau élu n’a pas mis en place les textes, ni confectionné des cartes de membres, mais coopté des membres, fait chanter des supporters en vue de titres de transport pour les voyages, sans oublier l’absence de transparence, les marchés de gré à gré au bénéfice de l’entreprise familiale du président Issa Laye Diop, la présence de leur logo en question lors des différentes campagnes.

À ses yeux, Issa Laye Diop a usé de sa majorité mécanique pour repousser les élections. Face à cette situation, ses camarades ont jugé nécessaire de sensibiliser les autorités. Objectif : faire de sorte que le 12e Gaïndé soit l’émanation de toute une nation.

16 ans sans respect des textes ni vente de cartes de membres 

Coordonnateur dudit groupe, Mamadou Khalifa Ndiaye, suivi de Pape Massal Diédhiou ont tour à tour rendu hommage au président Macky Sall, premier des supporters, ainsi que les ministres des Sports qui se sont succédé, particulièrement Matar Ba, le capitaine des Lions, Kalidou Koulibaly qui a invité plusieurs fois un des leurs, ‘Paco Sénégal Rek’, à assister à ses matchs en clubs. Le dernier en date étant son séjour à Al Hilal (Arabie Saoudite). À les en croire, Issa Laye Diop veut éliminer beaucoup d’entre eux parce qu’ayant décrié, à un moment, la gestion de l’association qu’il dirige depuis 16 ans. « Il y a problème s’il veut s’éterniser au poste, après les passages de Serigne Saliou Mbacké ’Docasa’ et Moussa Gueye (intérim). Le 12e Gaïndé était une association structurée. Aujourd’hui, il n’y a plus de cellules ni cartes de membres. On fonctionne comme en Équipe nationale avec des convocations par téléphone en fonction des programmes. Depuis 16 ans, il n’y a pas de rapport d’activités ni bilan financier ou la moindre évaluation. Les trésoriers disent qu’ils ne voient jamais l’argent. C’est grave pour une association reconnue par l’État du Sénégal. Ousmane Diop, commissaire au compte, est là. Mais il ne sait pas où est logé le compte du 12e Gaïndé », a signalé Pape Massal.

Il ajoute : « Aucun rapport d’activités n’est parvenu aux autorités depuis lors. Le seul bilan qui a été fait est celui de 2017, après la CAN au Gabon. Et quel bilan d’ailleurs. Que des scandales ! On parlé de 72 millions FCfa en additionnant les dépenses et les subventions. Le président du 12e Gaïndé au Gabon a nié avoir reçu 1,2 million. Pourtant, c’est bien mentionné dans le rapport. Lors de l’Afrobasket 2011, à Bamako, Kéba Keinde avait donné 9 millions FCfa à l’association. On n’a rien vu parce qu’on était logé dans un jardin d’enfants. Pis, on a été délogé le jour de l’ouverture des classes. Baba Tandian, président de la Fédération de basket-ball à l’époque, a même payé le prix du retour pour nous. En 2022, il a révélé à la télé avoir donné 12 millions à Issa Laye Diop et Léopold Nzalé. Juste après, en réunion du Comité directeur, on l’a interpellé sur le sujet mais il a nié. Autre scandale, avant la CAN 2012, à Bata, on a sensibilisé les autorités sur le retard des supporters. Le président Abdoulaye Wade a appelé la délégation et donné 50 millions de FCfa avant de mettre à disposition l’avion présidentiel. Mais il y a eu surfacturation sur surfacturation. Issa Laye a refusé de donner des perdium aux membres après l’élimination du Sénégal au premier tour. Il y a même eu une bagarre et la police équato-guinéenne est intervenue. Pareil avec Me Augustin Senghor et Cie. C’est là qu’ils nous ont dit qu’il ne restait que 1,3 million sur leur sacoche. Pis, 10 millions ont disparu entre Songo Matar Ndiaye, conseiller spécial de Wade à l’époque, et Issa Laye Diop qui ont prétexté le coût d’un droit de stationnement de l’avion présidentiel au Gabon. Le commandant avait même porté plainte contre Songo Matar. »

« Le départ d’Issa Laye Diop, une demande sociale »

Pour ces plaignants, la dictature est une normalité au 12e Gaïndé mais les gens ne veulent se démarquer de peur d’être écartés lors des voyages. « Issa Laye Diop loue une voiture aux frais de l’association et bénéficie d’une ligne téléphonique de 200 mille/mois. Mais à chaque fois, au moment de faire bénéficier aux membres de certains avantages, il dit qu’il n’y a pas d’argent. En période de Covid-19, le 12e Gaïndé a reçu une subvention de 5 millions et personne n’était au courant. Interpellé, le trésorier dit qu’il n’en savait rien. Accroché à son tour, Issa Laye prétexte un achat de gels antiseptiques. Mieux, les lettres de sponsoring échappent à toute transparence. On est mis devant le fait accompli le jour J. De retour du Cameroun, lors de la dernière CAN, on nous a donné 10 000 francs chacun. Pareil au Mondial 2022, au Qatar où le 12e Gaïndé a convoyé 100 personnes. Ne disposant pas de fourneaux ni gaz, chaque délégation de supporters (Allez Casa et Lébougui) donnait de l’argent à chaque membre pour la nourriture. Entre 50, 60 et 70 euros par jour. Pour 100 personnes, cela doit faire 52 millions. Mais le président du 12e Gaïndé a refusé de faire pareil et incité les filles à utiliser les cuisinières tactiles. On était obligés de nous rabattre par moment sur les restaurants avec nos propres moyens. À la place, on nous a donné 300 euros. Cette gestion du 12e Gaïndé restera gravée dans les annales », a lâché le président de la commission culturelle avant de poursuivre : « Aujourd’hui, l’animation du 12e Gaïndé est gérée par des Béninois, qui signent des contrats allant jusqu’à plus de 2 millions de FCfa. Nous alertons les autorités sur ce phénomène. On veut nous sacrifier et nous laisser en rade pour la CAN 2023, à Abidjan. »

Empêché, à l’image de Baba Tandian, Léopold Nzalé, membre fondateur du 12e Gaïndé, a envoyé un message audio. Il apporte son soutien total au « 12e Gaïndé des mains propres », estimant que ce vent de rébellion n’est pas motivé par la prochaine CAN. Mais que l’association n’est plus ce qu’elle aurait dû être par la faute d’une seule personne : Issa Laye Diop. Qui, au départ, n’avait promis de faire qu’un seul mandat. « Nous n’avons pas de problème avec lui. Ce combat a été mené pendant plus de 10 ans. Car on ne peut accepter 16 ans de présidence sans respecter les textes, statuts ni règlement intérieur car il y avait la limitation de mandats. Il a fait 5 CAN et 2 Mondiaux sans qu’il y ait une seule facture. Pendant ce temps, la Fédération dépose son rapport au ministère des Sports juste après chaque campagne. Son départ est devenu une demande sociale », a-t-il regretté.

Pour Mamadou Khalifa Ndiaye et Cie, il ne s’agit pas de créer la polémique ou entacher la dynamique de victoires à quelques jours de la CAN, mais d’alerter l’opinion publique tout en appelant à l’union des cœurs.