L’Association des journalistes en santé, population et développement (AJSPD), en partenariat avec la Fondation Bill & Melinda Gates, a organisé ce vendredi un atelier de mise à niveau sur l’utilisation du digital pour la promotion de la santé de la reproduction et pour la création de contenus en lignes. Une opportunité pour le chef du département de la santé digitale et de la carte sanitaire du ministère de la Santé, Dr Ibrahima Khaliloulah Dia, devant 25 reporters, de parler de santé numérique dans l’agenda national de transformation. Où il a été décidé d’utiliser la technologie pour améliorer la santé des populations.
Les biens faits du SIH national
« Le gouvernement a demandé au ministère de la Santé que la santé digitale soit un domaine prioritaire. Nous avons déjà des outils qui existent que nous allons mettre à l’échelle. C’est par exemple le SIH national, dossier patient unique partagé. Le Premier ministre (Ousmane Sonko) nous a demandé d’aller vers une approche régionale. Déjà, on est en phase pilote à l’hôpital Abass Ndao et à l’hôpital régional de Kaffrine. L’impact qui a été constaté est sur les chiffres ont doublé, c’est que les médecins, les soignants sont très enthousiastes à utiliser le système parce que ça permet d’aller vite, de sécuriser les soins. Et depuis qu’on l’a installé, en tout cas, on a un retour très positif », a-t-il expliqué.
D’après Dr Ndao, les nouvelles autorités ont aussi demandé que la télémédecine soit utilisée pour combler les gaps en ressources humaines. « Cela va nous permettre d’équiper des centres de santé qui pourront recevoir des patients et les connecter à des médecins qui sont dans d’autres zones. Mais il y a quand même des contraintes à cette digitalisation. C’est l’enjeu de la gouvernance des données, de l’économie de la donnée de santé. Aujourd’hui, le chef de l’État a demandé à plusieurs reprises qu’on veille sur la souveraineté numérique de tout ce que nous faisons, mais surtout aussi de la donnée de santé. Qui, aujourd’hui, fait l’objet d’une âpre lutte entre les pays et les laboratoires. Entre les pays et pas mal d’autres utilisateurs de données pour faire beaucoup d’autres initiatives. Et le gouvernement a demandé qu’on soit très prudent et qu’on puisse faire le nécessaire », a-t-il poursuivi.
La souveraineté numérique, la mère des batailles
Il y a d’autres contraintes liées à l’infrastructure numérique. « La donnée de santé digitalisée doit être hébergée dans des serveurs sécurisés qui respectent les normes et les standards au niveau mondial. Donc ça aussi, on y travaille. Au Sénégal, il n’y a pas encore un hébergeur qui est certifié HDS, ça veut dire hébergeur de données de santé. Nous devons encore travailler avec les opérateurs pour les aider à ce qu’ils puissent être certifiés HDS pour que nous tous, qu’on soit à l’aise quand on va commencer à héberger ces données. Il y a bien sûr aussi, en termes de contraintes, ce cloisonnement, cette fragmentation. Parce qu’on a beaucoup de systèmes qui existent, qui ne communiquent pas entre eux. Ce qui fait que le patient, lui, ne voyage pas avec son dossier médical. Ce qui fait que la contrainte de la gouvernance est sur la table du ministre. On est en train de voir comment améliorer, des choses que nous devons centraliser pour pouvoir mieux assurer la sécurité et éviter les pertes de ressources, éviter qu’il y ait des systèmes semblables qui existent au niveau du système de santé », a-t-il conclu.
Mortalité néonatale : avoir des chiffres meilleurs à l’horizon 2028
Docteur Massamba Sall est responsable de la série de promotion et du partenariat à la Direction de la santé de la mère et de l’enfant. Il a de son côté donné les résultats du Sénégal : « La mortalité maternelle est à 153 décès pour 100.000 naissances vivantes. Et nous sommes avec le Cap Vert, les deux pays qui sont à la tête de l’Afrique de l’Ouest. Et cela est dû à un ensemble d’interventions que nous avons mis en œuvre, qui nous a permis aujourd’hui d’engranger de bons points. De même que pour la mortalité néonatale, nous avons fait de grands bons. Mais le ministre nous a instruits, surtout avec les nouvelles orientations des nouvelles autorités, à aller encore beaucoup plus en avant. Et c’est pour cela que nous venons de valider un plan stratégique de la santé de la mère et de l’enfant. Pour qu’à l’horizon 2028, nous puissions avoir des résultats qui sont meilleurs et qui vont nous rapprocher du rendez-vous de 2030 des objectifs de développement durable.
Il s’agit d’un défi inscrit dans le master-plan élaboré par les nouvelles autorités, l’axe 1 concernant la promotion de la santé. « Nous nous sommes dit que fondamentalement, nous devons changer de paradigme et avec tous les pays presque sous-développés. Il faudrait que nous puissions contenir le maximum possible les dépenses négatives de santé. Quand je parle des dépenses négatives de santé, c’est des dépenses que nous pourrions ne pas exécuter. Parce qu’en amont, on aurait travaillé sur les comportements favorables à la santé. Je donne toujours l’exemple des accidents de la voiture qui sont dus à des comportements qui sont néfastes. Et que la survenance de ces événements nous fait dépenser beaucoup d’argent que nous pourrions économiser pour faire face aux véritables problèmes de santé. Donc avec les journalistes, relayeurs d’informations, nous devons asseoir un environnement favorable à la santé par la promotion de bons comportements d’une manière globale », a-t-il préconisé, ajoutant que les causes de la mortalité sont liées à trois retards fondamentalement : « Le premier, c’est le retard dans la prise de décision de recourir aux soins de santé. Le deuxième, c’est le retard d’accéder à la structure de santé. Et le troisième, c’est le retard lié à la prise en charge précoce, une fois arrivé dans les structures de santé.
Pour finir, Dr Sall a appelé les reporters dans la promotion afin que les gens puissent prendre les décisions précocement pour pouvoir bénéficier de soins et de services de santé le plus tôt possible. « Ce qui nous permettra d’éviter au maximum la survenance de décès, surtout maternels et infantiles », a dit le responsable de la série de promotion et du partenariat à la Direction de la santé de la mère et de l’enfant.