La ville sainte de Touba vibre une nouvelle fois au rythme du Magal, cet événement célébrant le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba. Cette année, un fait marquant a attiré l’attention des fidèles et des observateurs : la forte présence de la communauté mandingue. À 24 heures de l’événement, les délégations mandingues sont venues de plus 30 villages de la Casamance, de la Guinée Bissau et de la Gambie, par la clairvoyance de leur guide, Serigne Mountakha Diakhaté Ibn Serigne Absatou Diakhaté. Ils ont investi les artères de la ville dans une atmosphère empreinte de piété, de fraternité et de fierté culturelle. Leur participation souligne l’importance du Magal dans le dialogue entre les peuples autour des enseignements du fondateur du Mouridisme. « Cheikh Ahmadou Bamba appartient à tous les musulmans. Sa vie et son œuvre parlent à notre foi profonde. Notre présence ici est un acte d’unité entre les peuples ouest-africains et une reconnaissance du rôle spirituel de Touba », témoigne El Hadji Gaoussou Biaye Ibn Serigne Lamine Biaye, un fidèle talibé mouride.
Historiquement, les relations entre la communauté mandingue et les confréries sénégalaises, notamment le Mouridisme, sont anciennes et marquées par des échanges religieux, commerciaux et sociaux. De nombreux mandingues ont été intégrés dans les circuits économiques de Touba, en tant que commerçants, artisans ou agriculteurs. Le Magal est ainsi devenu une opportunité de resserrer les liens et de partager des valeurs communes. La communauté mandingue s’est également distinguée par une organisation impressionnante. Des dahiras (associations religieuses) spécifiques ont mis en place des dispositifs d’accueil, de restauration et de soins médicaux pour leurs membres, tout en collaborant étroitement avec les services de la ville de Touba. Une démonstration de solidarité qui a été saluée par les autorités religieuses. Cette forte participation témoigne non seulement d’un attachement spirituel profond à Cheikh Ahmadou Bamba, mais aussi d’un désir d’unité entre les peuples musulmans de la sous-région.
Ndiaye Kébé BIAYE
(Correspondant à Kaolack)
