Afrikajom Center tient à Dakar ces 24 et 25 février une Conférence préparatoire au Colloque de la CEDEAO : « 50 ans après, sauver ou périr ». Codou Ndione, présidente du Conseil d’administration de cet espace d’interactions sociales sur les défis et les opportunités du continent, a lancé aujourd’hui la cérémonie d’ouverture avant de passer le témoin à son directeur Alioune Tine. Pour cet ancien président de la Rencontre africaine des droits de l’homme (RADDHO), ces travaux préparatoires à la célébration des 50 ans de la CEDEAO le 28 mai prochain, servent de prétexte pour définir les défis stratégiques de la Conférence régionale. L’enjeu est pour lui « d’être ensemble pour faire le colloque ensemble » pour un « portage du peuple de la CEDEAO et mobiliser tous les talents pour une action collective de nature à créer un sursaut pour la protéger des menaces ». C’est aussi un « moyen de renforcer les capacités de la société civile, des intellectuels, pour renforcer la CEDEAO des peuples et voir quel format pour une CEDEAO populaire et inclusive ». À l’en croire, il ne s’agit pas seulement de réfléchir entre intellectuels et mettre les conclusions dans les tiroirs mais de mobiliser artistes, jeunes, femmes pour influencer, construire une organisation déjà abîmée.
Alioune Tine est convaincu que le premier défi de l’instance sous-régionale est le départ des trois pays (Mali, Burkina Faso et Niger), pratiquement le coeur vivant du Sahel. Il pointe du doigt les luttes d’influence des grands puissances, la guerre informationnelle, la multiplication des crises politiques, le trafic de drogues…. Cela a causé une impuissance de la CEDEAO et des Nations Unies, d’après le doyen qui invite experts, diplomates et membres de la société civile à examiner le fait de subir la géopolitique des autres, l’absence d’attractivité de la jeunesse à l’endroit de la CEDEAO tout en attirant l’attention sur une partie de la jeunesse qui soutient des dictateurs. En gros, il incite à « réinventer, refonder la CEDEAO, renforcer le dialogue avec les pays de l’AES, intégrer le développement économique et social dans les réponses, renforcer la société civile… »
« Si nos États sont malades, les communautés le seront aussi » (CEDEAO)
Représentant du ministre sénégalais des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Mamadou Moustapha Seck a promis le soutien des nouvelles autorités, d’où le mémorandum d’entente signé avec Afrikajom Center. Pour David Dosseh, coordonnateur du mouvement Tournons la page, cette zone de turbulence que traverse la CEDEAO est une évolution presque logique compte tenu des contradictions internés, du manque de leadership et de son fonctionnement rigide et peu démocratique. Ce qui fait qu’elle a été incapable de faire cette mutation vers une CEDEAO des peuples. Il magnifie dans ce sens la dynamique collective pour procéder à une réforme de qualité et adopter une position limitant les mandats des chefs d’État et de gouvernement – un vrai enjeu de sécurité, d’intégration et de développement qui conduira à différentes pistes avant le Colloque du mois de mai.
Quant à Constant Gnacadja, représentant de la CEDEAO siège, il a salué l’initiative de Afrikajom Center qui entre en droite ligne avec ce que fait l’instance régionale. « 50 ans dans la vie d’une institution, ce n’est pas peu. Mais la vie d’une institution n’est pas linéaire, il y a des hauts et des bas. Il y a des défis, que nous regrettons, qui affectent cette vision. Est-ce que nous avons des médias et une société civile libres ? Si nos États sont malades, les communautés le seront aussi. Quand ça les arrange, les États font appel à la CEDEAO, sinon, ils font état de leur souveraineté. Il faut donc travailler ensemble car ce n’est plus l’affaire de la CEDEAO seule », a laissé entendre le chef de division Médiation et Coordination des affaires politiques régionales par intérim à la Direction des Affaires Politiques de la Commission de la CEDEAO, ajoutant qu’ils sont entrain de travailler à reformer le Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance. Même s’il admet qu’il y a eu de la résistance au Sénégal, au Togo et en Côte d’Ivoire, il assure que la Commission de la CEDEAO est prête à travailler avec Africajom Center car il y a encore des défis avec la République de Guinée, la Sierra Leone et autres chantiers dont le projet Ecosoc puisque Foscao a échoué, pour aider la région à revivre ses prouesses d’antant pour une communauté épanouie.