Le Premier ministre slovaque Robert Fico, blessé par balles mercredi, a été « de nouveau opéré » ce vendredi 17 mai et se trouve toujours dans un état grave. Le climat politique reste tendu dans un pays encore sous le choc, avant les élections européennes prévues dans trois semaines.
Le Premier ministre slovaque Robert Fico reste hospitalisé ce vendredi en soins intensifs dans un état grave mais stabilisé, après avoir été la cible de plusieurs coups de feu à bout portant ce mercredi. Le chef du gouvernement slovaque a subi une nouvelle intervention chirurgicale ce vendredi. Un conseil médical doit se réunir lundi pour faire le point sur le traitement à venir. Les prochains jours seront cruciaux pour lui, selon son ministre de la Défense, Robert Kalinak, un des plus fidèles lieutenants de Robert Fico. Ce dernier est aujourd’hui présenté par la presse slovaque comme celui qui va, au moins provisoirement, diriger le cabinet ministériel, rapporte notre correspondant à Prague, Alexis Rosenzweig.
Le suspect comparaîtra ce samedi devant la justice
Le procureur a demandé à ce que le suspect de cet attentat sans précédent soit en détention provisoire. Inculpé de tentative de meurtre avec préméditation, il sera auditionné samedi en vue d’une décision sur son placement en détention avant son procès, a annoncé le tribunal de Pezinok.
Les enquêteurs tenteront notamment d’expliquer pourquoi cet homme de 71 ans au parcours confus avait décidé de commettre une telle attaque avec une arme qu’il détenait légalement, selon les premières informations. Écrivain amateur, il avait fondé un mouvement « contre la violence ». Mais il apparaît aussi comme un citoyen en colère, un « loup solitaire » ayant décidé de passer à l’acte après la présidentielle d’avril qui avait sacré Peter Pellegrini, un proche de Robert Fico.
En quête d’indices, la police a perquisitionné vendredi le domicile du suspect dans la ville de Levice, située à 80 kilomètres des lieux du drame. Portant un gilet pare-balles et un casque, il a été escorté par des enquêteurs dans le logement qu’il partageait avec sa femme, selon les images de la chaîne de télévision Markiza. « La police est restée dans l’appartement pendant plusieurs heures (…), ils ont emporté l’ordinateur et les documents de l’appartement », a déclaré le média. La police s’est refusée à tout commentaire sur l’investigation en cours.
Un pays extrêmement polarisé
Cet attentat a choqué la Slovaquie et fait craindre de nouvelles violences dans ce pays extrêmement polarisé. L’opposition progressiste, pointée du doigt tout comme la presse libérale par le camp de Robert Fico, condamne sans réserve toute violence. Son chef, Michal Simecka, victime de nombreuses menaces de mort ces dernières heures, a indiqué avoir porté plainte et a lancé un appel à respecter une période de 100 jours de calme, sans invectives entre les différentes formations politiques.
Robert Kalinak, qui est également l’adjoint de Robert Fico, s’est voulu rassurant. « Le pays est stable tout comme l’état du patient s’est stabilisé », a-t-il souligné vendredi. « Le gouvernement fonctionne, il y a des vice-Premiers ministres (…) Je ne vois pas de problème particulier », avait-il dit la veille aux journalistes. Mais dans la Hongrie voisine, le dirigeant Viktor Orban a fait part de son inquiétude. « Même si Robert Fico se rétablit », il va probablement être absent « pendant des mois », a-t-il estimé lors d’une interview radiophonique, priant pour son « ami ». Or, il s’agit d’un moment « décisif » pour l’avenir de l’Union européenne et « la question de la guerre et de la paix », a insisté le responsable nationaliste, qui espère bouleverser les équilibres du Parlement européen pour stopper « la fièvre guerrière » de Bruxelles.
Après le retour au pouvoir en octobre de Robert Fico, la Slovaquie a changé de cap, mettant fin à l’aide militaire à l’Ukraine voisine et plaidant, comme Viktor Orban, pour des pourparlers de paix avec la Russie. « Nous avons vraiment besoin de Robert Fico et d’une Slovaquie favorable à la paix », a insisté le Premier ministre hongrois.
Rfi