Le PROJET historiquement plébiscité le 24 mars 2024 est-il porteur vraiment d’une transformation adéquate ou d’une mutation en profondeur du transport urbain et de la mobilité au sein des territoires ? Le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens lui s’accroche toujours au Plan Sénégal Emergent… et il y’a fort à parier que l’endettement lourd du pays en sera impacté.
Actuellement, Dakar n’occupe que moins de 3% du territoire et concentre presque ¼ de la population sénégalaise, soit plus de 5 400 000 habitants. Le cas de Dakar taraude tous les démographes et les meilleurs planificateurs urbains du monde.
C’est un bout de territoire de 400m2 avec moins de 60% de surface constructible dans lequel nos autorités depuis les indépendances veulent concentrer toutes les infrastructures modernes au détriment – malheureusement – du reste du territoire…. malgré les promesses d’une territorialisation de l’investissement public et de l’infrastructure de développement.
Dakar, capitale du Sénégal avec son TER à 700 milliards de FCfa, son BRT à 420 milliards, va accueillir des bus pour encore un énième Réseau de Transport en Commun de 260 milliards au nez et à la barbe de Dakar Dem Dikk qui, en lieu et place de ce projet, devrait être restructuré, étendu, numérisé, décarboné avec moins de 50 milliards pour faire plus et mieux que le RTC du CETUD présenté hier à l’hôtel Terrou-bi qui va coûter 260 milliards en dettes brutes. A-t-on vraiment confiance dans la haute administration du fardeau de notre endettement ? Alors que notre pays aspire à la souveraineté totale et globale.
Pour le transport et la mobilité intra-urbaine, il s’agit juste de mieux articuler et planifier l’intermodalité ou la multimodalité avec une articulation et surtout une complémentarité TER – BRT – DDD avec bien sur une surveillance et un contrôle sur les routes et un effort soutenus dans la gestion du trafic routier avec la police et les feux routiers. La solution est dans la discipline que l’autorité doit imposer, Dakar reste toujours un bout de territoire. Avant d’emprunter 260 milliards pour des bus alors que DDD n’utilise que 55% de sa nouvelle flotte, qu’a-t-on fait pour le bannissement des Jakarta qui sont la cause des 30% des accidents ici à Dakar ? La solution définitive aux problèmes de mobilité urbaine se trouve moins dans une cascade de projets redondants aussi coûteux en dette, mais plutôt dans une vraie politique d’aménagement du territoire et de désenclavement intelligent des villes secondaires avec une mobilité inter- urbaine dans laquelle le rail prendra toute sa place. Le rail pour se libérer du lobby de l’essence et du gasoil pour décarboner nos transports capacitaires en anticipant nos ressources abondantes en gaz. Et c’est ça que le PROJET nous avait vendu et c’est ça que le PROJET a très bien théorisé. Malheureusement, au MITTD, c’est encore le PSE et ses projets redondants qui dictent l’agenda.
Avec plus de 250 000 véhicules motorisés et un parc de transport public vétuste et obsolète malgré le TER et le BRT, la circulation automobile a un impact nocif sur la qualité de vie et la santé qui va au-delà des pertes en PIB, induits les bouchons et congestions sur nos routes.
Le piège tendu à Dakar depuis 1958 date du transfert de la capitale de Saint-Louis à Dakar se referme sur les 6 000 000 Dakarois et, malheureusement, les programmes de mobilité ne feront qu’accentuer l’hypertrophie de la capitale avec l’accélération de l’exode rural avec les fortes températures provoquées par les réchauffements de notre planète. Plus vous investissez à Dakar, plus vous appelez les Sénégalais à quitter leur terroir pour rejoindre le littoral et c’est malheureusement le cas depuis 1958.
Moustapha DIAKHATE
Expert en Infrastructures et Politique Énergie