Elu président de la Conférence des parties (COP) à la Convention internationale contre le dopage en sport qui tenait sa neuvième session les 25 et 26 octobre 2023 au siège de l’UNESCO, à Paris, Matar Ba, ancien ministre des Sports et chef de cabinet du président de la République, a décliné sa feuille de route, pour la première fois, dans un entretien accordé à lejournaldedakar.info, Igfm, Bés Bi et Dakar24.info.
Vous avez été élu, par acclamation, président de la COP9. Qu’est-ce que la COP9 d’abord ?
Beaucoup font la confusion entre l’Agence mondiale antidopage et le Comité international olympique (CIO). La Conférence des Parties), c’est des Etats parties qui ont signé une convention à l’Organisation des Nations Unies. Lors de la dernière Assemblée générale, qui en était sa neuvième session, on était 198 pays. Vous voyez la qualité de la représentation. Le Sénégal est un Etat qui a l’obligation d’avoir en charge le développement du sport. Mais il y a un mouvement sportif à l’intérieur. A côté, il y a le CIO, l’AMA. Même l’UE fait partie des parties. C’est pourquoi, on parle de conformité car le Sénégal est obligé de suivre. Si on assainit pas le milieu, on peut avoir le contrecoup et les gens vont se droguer pour gagner. On a l’honneur d’être désigné. C’est un toujours un vote mais le Sénégal, à travers ma personne, a la chance d’être désigné par l’Afrique, soutenu par les autres continents et le président sortant. C’est pourquoi, j’ai été élu par acclamation. C’est une très lourde charge. Car au-delà de la lutte contre le dopage, il y a des aspects géopolitiques. Lors de la dernière AG, la Russie n’est pas allée voter. On a tout fait pour qu’elle reste observateur. Tout cela, il faut savoir le gérer, car c’est une véritable machine. J’ai été surpris de la tournure de la chose. J’ai été élu en début d’AG et j’ai tout de suite plongé. Nous nous battrons pour que les instruments mis en place soient dotés de finances et de matériels.
Quels seront les grands axes de votre programme à la présidence de la COP9 ?
Les grands axes, c’est d’abord la conformité. Il faut qu’on se batte pour cela et aussi l’engagement politique de l’ensemble des États, des présidents, pour que le sport soit doté de tous les moyens nécessaires pour faire le travail. L’autre chose qui nous a fait vivre le retard, c’est l’incompréhension entre l’AMA, le CIO et les différents partenaires. C’est pourquoi, j’ai inscrit mon mandat sur le dialogue. Il faut que l’AMA sache qu’elle agit sur un pays. Il faut que les pays sachent aussi que l’AMA n’est pas un concurrent mais un partenaire. Ce sont des équilibres à trouver. J’espère qu’on pourra le faire comme c’était le cas à nos débuts au ministère des Sports. Le plus important, c’est l’athlète, il faut le protéger et faire de sorte que ces efforts ne soient teintés de tricherie.
Vous n’êtes plus ministre des Sports mais vous restez dans le cercle avec ce poste. Quel regard portez-vous sur le sport sénégalais depuis votre départ ?
J’étais sportif et je le reste pour toujours. On est sur une bonne pente. J’en profite pour féliciter les Lionceaux qui ont battu l’Argentine (2-1, lors de la première journée du Mondial U17, en Indonésie). On a gagné une médaille d’or dans le Roller. Il faut maintenir ce cap. Il ne faut pas que des divergences au niveau des clubs et des prétendants potentiels puissent impacter négativement cet élan unitaire. L’Etat doit continuer en évoluant dans l’investissement, dans la manne financière injectée dans le sport chaque année. Il faut que les dirigeants accordent plus d’importance dans le secteur. De l’amateur au professionnel, on doit donner la chance à tout le monde. Pour ce faire, il faut des infrastructures accessibles et un financement. J’ai beaucoup d’espoir. Il faudrait qu’on sache continuer et ne pas repartir à zéro. C’est la philosophie qu’on doit avoir. Quand on remplace quelqu’un, il faut se battre pour placer la barre plus haut, ne serait-ce qu’un millimètre de plus.
Yankhoba Diatara, votre successeur au ministère des Sports, avait proposé de faire de vous son invité spécial au Qatar, en marge du Mondial 2022. Mais vous ne vous y êtes pas rendu. Allez-vous décliner encore les propositions de Lat Diop allant dans le sens de collaborer en sourdine ?
Il ne faut pas dire ça. Je n’ai pas décliné. J’étais sur autre chose en tant que chef de cabinet du président de la République. De plus, j’ai pensé honnêtement que ma présence pouvait le gêner. Il avait besoin d’un environnement calme. J’ai donc été républicain mais j’ai toujours prié pour que le Sénégal gagne. Là, à la CAN 2023, en Côte d’Ivoire, si je suis invité, j’irai peut-être voir un match ou deux. Parce qu’on sera en pleine campagne électorale où on aura besoin de l’ensemble des responsables politiques pour garder le régime. Là aussi, c’est un combat qui impose une présence sur le terrain. Mais je serai toujours avec l’équipe nationale. Je donnerai des conseils à qui me le demande et je prierai toujours pour que l’équipe nationale gagne parce que j’ai compris et je l’ai vécu. Quand l’équipe nationale gagne le trophée, la joie qu’on procure à l’ensemble des Sénégalais mérite un combat de tous les jours.
Quel est votre pronostic pour les Lions à la CAN 2023 ?
Depuis que je suis parti, je ne suis pas allé au stade ni parlé à l’entraîneur (Aliou Cissé). Quand on fait un pronostic, il faut avoir des baromètres. Je prie pour le ministre actuel (Lat Diop). C’est un ami, on se parle très souvent. Mais il faut que les gens se battent. Il ne faut pas changer de fusil d’épaule. Tout en sachant que la prochaine CAN sera très disputée, il faut un mental d’acier et que la presse sportive nous accompagne. On doit se donner les moyens de conserver le titre. Ce sera possible dans l’union des cœurs et des esprits.