L’heure est à la consternation au commissariat de Matam, meurtri depuis vendredi dernier par la mort du policier Ousseynou Sylla, victime d’une balle perdue. L’incident est survenu au moment où il manipulait son arme de service. Son frère Adama a quand même des doutes sur les circonstances du drame.
«Le jour de l’inhumation de mon frère Ousseynou, samedi dernier, j’avais demandé à l’Imam et à notre maître coranique de me laisser voir de plus près cette blessure qui a causé la mort de mon frère. Ceci, avant même que ne soit fait la toilette mortuaire. Je tenais à voir, de mes propres yeux, cet impact de balle à sa cuisse. Si j’ai tenu à effectuer cette vérification, c’est qu’à l’hôpital de Matam, les responsables ne nous avaient aucunement permis d’avoir accès à la dépouille. Et donc pour moi, il était important que quelqu’un de la famille puisse au moins vérifier sur le corps sans vie de notre frère, tout ce qui nous a été rapporté sur les circonstances de sa mort. Ceci, avant son inhumation», a-t-il raconté à L’Obs.
Et d’ajouter : «Ainsi, en compagnie de l’Imam, on m’a permis de voir, sur sa jambe droite, une large plaie béante avec des points de sutures tout au long de son pied. Poursuivant, j’ai, en compagnie de l’Iman et des notables présents, passé en revue le corps sans vie en me focalisant sur la partie gauche de la dépouille pour suivre la partie traversée par la balle. C’est ainsi que j’ai remarqué un morceau de coton enfoui entre son bas-ventre et son pied gauche. Ce qui laisse présager que c’est là que la balle est passée, avant de se loger dans son ventre. Du coup, j’en déduis que la partie droite avec des points de sutures n’est juste qu’un prétexte pour les médecins soignant qui veulent nous faire croire que c’est la partie endommagée par la balle. Ce qui, à mes yeux, est une manie inadmissible. En réalité, au moment du bain mortuaire, nous avons constaté aisément que c’est son côté gauche qui a été touché par la balle et non le côté droit, comme les médecins de l’hôpital de Matam ont voulu nous le faire croire. Fort de toutes ces incohérences, j’ai bien des doutes sur les circonstances troublantes de la mort de mon frère. Il y a heureusement des témoins oculaires qui peu- vent confirmer mes propos. Comme moi, ces derniers ont observé l’ensemble de la dépouille. D’ailleurs, c’est à la suite de tout cela que j’ai voulu photographier le corps sans vie de Ousseynou. Malheureusement, l’Imam et les notables de la ville m’en ont interdit en soutenant que cette pratique est formellement bannie par la religion».