« Est-ce que tous les clients voient ça ?» C’est par cette interrogation matinale qu’Ibrahima Sarr interpelle le boutiquier, tout en le fusillant du regard. Ce matin du vendredi 31 mai, Ibrahima Sarr, la cinquantaine, après sa prière à l’aube à la mosquée, est retourné à son domicile d’où il ressort trois quarts d’heure plus tard pour se rendre à la boutique, un chapelet à la main. C’est à cette heure que le boutiquier ouvre ses portes avant de s’emparer d’une bouilloire remplie d’eau pour se rincer le visage et poser une noisette de pâte dentifrice sur une brosse à dent qu’il fourre immédiatement dans sa bouche.

Occupé par sa toilette nationale, dans la rue, il ne fait pas attention au quinquagénaire figé devant la boutique, le visage effrayé par le spectacle qui s’offre à ses yeux : une nuée de mouches et de moustiques s’échappent de la boutique pendant que des cafards effrayés par la lumière du jour se faufilent dans les rayons pour aller se cacher derrière les articles. Un spectacle fascinant et effrayant pour Ibrahima qui se retourne pour demander des comptes au boutiquier non sans renoncer à acheter. La scène peut être reproduit à la pelle, tant les règles d’hygiène les plus élémentaires sont piétinées au quotidien. Cela ne semble plus gêner personne.

Pour Dr Abdou Khadre Sanoko, sociologue spécialisé en psychologie, « les Sénégalais sont propres, mais pas hygiéniques ». « L’hygiène, c’est une orthodoxie qui demande de la rigueur », tranche-t-il dans les colonnes de L’Obs.

L’autre souci, selon lui, est ce sérieux problème avec le respect d’autrui. Ce se manifeste par les scènes d’insalubrité terrible dans les maisons et lieux publics. Conséquence, les brigades d’hygiène sont souvent submergées. A Keur Massar, pour le seul mois de mai, il y a eu 1003 visites domiciliaires, avec 1559 infractions constatées.