Moins d’un mois après que l’agence de notation Moody’s abaisse la note du Sénégal de « Ba3 », la catégorie spéculative, à B1, très spéculative, le trésor public a réussi hier un emprunt obligataire de 300 millions de dollars sur le marché financier international, avec JP Morgan comme chef de file. De la trésorerie immédiatement disponible pour couvrir les besoins de financement dans le cadre de l’exécution budgétaire de l’année 2024 selon le communiqué de PEYTAVIN.
Toute chose étant égale par ailleurs, c’est exactement au taux nominal de 6,33% que cette nouvelle obligation libellée en Euro avec couverture risque de change a été négociée alors qu’il y’a moins de 5 mois le trésor public sénégalais levait 750 millions de dollars en euro-obligations aux taux d’intérêt de 7,75 % sur sept ans.
Les marchés financiers semblent faire fi des notes, analyses et notations de Moody’s, tout laisse croire que les institutionnels – avec JP Morgan Chase – ont été plutôt séduits par le nouveau discours du nouveau pouvoir sur l’état réel des finances publiques. Et bien sûr les perspectives intéressantes du pays au regard des 100 000 barils – jour atteints par Sangomar et l’imminence du premier gaz de Grand Tortue. Dakar semble avoir misé sur la franchise dans ses relations avec les bailleurs et c’est le marché financier qui émet le premier signe d’approbation sur le nouvel état d’esprit des nouvelles autorités sur les grandes orientations économiques et financières du Sénégal.
En pondérant les maturités, l’abaissement de la notation du Sénégal auprès de Moody’s n’a eu aucun effet déconsolidant sur la qualité de signature du Senegal au contraire l’image du pays semble même se raffermir avec le choc de vérité émis par l’actuel Premier Ministre dans son diagnostic sur l’état réel des finances publiques.
Le trésor public sénégalais engrange déjà 100 points de base en différentiel de taux nominal entre Juin et Octobre 2024. Après le FMI, c’est le marché financier international qui s’aligne sur les nouvelles autorités et cela se reflète sur le coût des emprunts, alors que les analystes financiers prévoyaient 8% voire même 10% de taux nominal en moyenne – catégorie spéculative – sur toutes maturités d’obligation souveraine, comme c’est le cas du Ghana et du Kenya. C’est un signe très encourageant pour les besoins de financement de 18 000 milliards pour la mise en œuvre du plan quinquennal du référentiel 2050 et JP Morgan nous fait déjà un clin d’œil.
Moustapha DIAKHATE
Consultant et Expert Infrastructure