Le week-end mon esprit fainéant implore la quiétude
Lorsque mon corps allongé sur mon lit-bureau force au travail
Défile l’image triste de ce vieil homme trouvé mort pendu à un arbre
Je vois, les yeux dégoulinant de larmes, cet enfant que ses parents ont assassiné
J’entends les atrocités mortelles subies par l’adolescente-étudiante loin de sa famille
Je suis triste de regretter les époques révolues où le suicide rare lavait à jamais le déshonneur
Aujourd’hui, nombreux, ils trépassent chaque semaine qui passe installant le déshonneur
Le meurtre lâchement prémédité gangrène notre société cupide
L’individu avide de biens, sans foi ni loi, marche implacable sur les familles et les communautés
Le voleur prend plaisir en volant à tuer sans raison
Le violeur n’assouvit plus seulement ses fantasmes malsains, il tue aussi sa victime
La jeune femme, après un plaisir caché, n’hésite plus à tuer le bébé innocent
Le marabout satanique, du haut de ses incantations hallucinantes, décrète la mort de la gamine
Le prix de l’accession aux fonctions tant attendues
Le week-end est propice, pour l’éducateur apaisé, à regarder serein notre société frénétique
Les riches n’habitent plus avec les pauvres, ils se terrent effrayés dans des cités emmurées
Le professeur, malgré son salaire, ne distribue plus généreux son savoir à ses élèves, il le vend
L’agent municipal délivre, sans entrain, le bulletin de naissance contre un billet de banque
La sage-femme colérique terrorise la femme effrayée par son accouchement incertain
Le policier hargneux, le sifflet strident, n’attend que l’argent que cache le permis de conduire du chauffeur de l’Allô-taxi
Là-bas, dans son bureau cossu, le directeur véreux reçoit sa mallette d’un marché licite
Grand mécène, chanté par les griots, il construit mosquées, dispensaires et, à grand bruit, aide les nécessiteux
Mon week-end est malheureux
J’ai vu ces bébés parqués dans un sous-sol quelque part dans cette Ukraine à feu et à sang
Je ne pouvais pas imaginer que la gestation pour autrui était éthique et autorisée
Où allons-nous dans ce monde où les bonnes consciences repues assassinent homme, femme, papa, maman et famille
Demain aurons-nous des usines de jeunes femmes porteuses pour couples contre natures
Après demain, des porcs génétiquement modifiés, porteront les fœtus désormais fécondés In vitro
À force de regarder la télé, couché sur mon lit, mon week-end s’évanouit morose
J’abandonne mes journaux de la semaine à la marchande de cacahuètes toute heureuse
Je me rappelle la noix de coco que j’ai rapportée de Ndar, je bois son lait délicieux
Je déguste, dans mon bol de lait caillé, le fromage blanc onctueux que recouvre une fine couche de crème dorée
J’entends les pas mal assurés de Junior, mon petit-fils, heureux, il essaie de m’arracher à mes rêves
Le bonheur est furtif, sa force irrésistible vous envoûte, il vous rend heureux pour longtemps
Finalement, je suis heureux !