De l’hôpital régional El Hadji Ibrahima Niasse, au poste de santé de Sam en passant ceux de Ndangane, Thioffack, il y a un ennemi invisible mais redoutable : le moustique. Présents en grand nombre dans des centres de santé censés soigner et protéger, ces insectes deviennent une menace sanitaire supplémentaire. Patients et personnels sont exposés à des piqûres quotidiennes, parfois porteuses de maladies graves comme le paludisme, la dengue ou le chikungunya.
Des conditions propices à la prolifération
Le Journal de Dakar s’est rendu dans plusieurs centres de santé de la ville de Kaolack et le constat est alarmant. Des fleurs mal entretenus au manque de programme de nettoyage quotidien. Tout y passe. Ces conditions sont idéales pour la reproduction des moustiques, en particulier le moustique anophèle, vecteur du paludisme. « C’est paradoxal de venir se soigner et de risquer d’attraper une autre maladie à cause des moustiques », déplore Mariama Sow, accompagnatrice d’une patiente.
Les vigiles en service dans ces centres de santé eux-mêmes tirent la sonnette d’alarme. Fatigués, parfois piqués durant les consultations ou la nuit, ils estiment que la situation n’est plus tenable. « Nous avons demandé des moustiquaires imprégnées et des produits de désinsectisation, mais les moyens manquent », explique le docteur Ndiaye, chef de service dans un hôpital régional.
Des conséquences sanitaires graves
La présence des moustiques n’est pas qu’un désagrément, elle entraîne des complications médicales. Certains patients hospitalisés pour d’autres affections contractent le paludisme. Les femmes enceintes et les nouveau-nés sont particulièrement vulnérables. « Ce sont des cas évitables, et pourtant fréquents », regrette une sage-femme sous le sceau de l’anonymat.
Face à cette menace, plusieurs actions sont proposées comme des campagnes régulières de désinsectisation, l’installation systématique de moustiquaires et de grillages aux fenêtres, une meilleure gestion des déchets et des eaux usées dans l’environnement immédiat des hôpitaux ou encore une sensibilisation accrue des autorités sanitaires locales et nationales. La lutte contre la prolifération des moustiques dans les structures de santé est une urgence sanitaire. Il y va de la sécurité des patients, du personnel, et de l’efficacité même des soins dispensés. Il est temps que des mesures concrètes et durables soient prises par le ministre de la Santé et de l’Action sociale afin que les hôpitaux restent des lieux de guérison, et non de nouveaux foyers d’infection.
Ndiaye Kébé BIAYE
(Correspondant à Kaolack)