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Joseph Senghor sur son limogeages de l’AS Pikine : « C’est une décision préméditée»

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Joseph Senghor n’est plus l’entraîneur de l’As Pikine. Dans un communiqué, le club de la banlieue a annoncé mardi son départ en évoquant une séparation à l’amiable. Une version bottée en touche par le technicien qui qualifie son licenciement de «décision préméditée» après des tensions en interne avec les dirigeants depuis la saison dernière.

Vous n’êtes plus l’entraîneur de l’AS Pikine depuis mardi. Pouvez-vous expliquer les raisons de cette séparation « à l’amiable » ? 

Beaucoup de choses ont été dites ces dernières 24 heures, mais la vérité est autre. Je constate que certains dirigeants de l’As Pikine disent du n’importe quoi sur moi. Ils m’ont appelé le mardi pour me proposer une rupture de contrat à l’amiable. J’ai demandé ‘‘c’est quoi à l’amiable ? J’ai signé pour deux ans et mon contrat arrive à terme cette année, mais indemnisez-moi les mois restants.’’ Après, ils m’ont proposé un chèque en blanc en attendant que le club fasse des rentrées d’argent. J’ai répondu : ‘‘Je ne prendrai pas de chèque en blanc parce que je ne vous fais pas confiance’’. Par la suite, le club a fait un communiqué pour s’engager à me payer moi et mes adjoints. Voilà. 

Certains disent que votre départ est lié à un passif depuis la saison dernière, d’autres que c’est à cause du mauvais début de saison, avec la défaite (4-1) contre Dakar Sacré Cœur et le nul contre la Linguère de Saint-Louis. Qu’en est-il réellement ? 

C’est une décision préméditée, parce qu’ils avaient monté un staff depuis le mois de septembre pour pouvoir me remplacer dès que je commencerais à déconner. Ils ont d’ailleurs changé deux membres de mon staff, sans mon consentement, alors que j’étais en stage Fifa en septembre. Je suis revenu au club avec une lettre de démission. Parce que je savais que la nomination de Lamine Diagne pour le poste de directeur technique chargé de l’académie, c’était un bluff. L’As Pikine n’a pas d’Académie. La preuve, la petite catégorie n’a toujours pas démarré. Ça me fait rire parce que c’était planifié. On a fait un premier match catastrophique à cause des défaillances individuelles, mais on a rectifié le tir au second match. Ils constatent que l’équipe commence à monter en puissance, ils se sont dit : ‘‘Faut le liquider avant que l’équipe ne reprenne confiance’’. En vérité, je ne pouvais pas travailler avec Modou Fall, le vice-président du club. Ce n’est pas un homme de vérité. Le club fait croire aux supporters que tous les ingrédients sont réunis pour gagner le championnat. Alors que depuis deux mois, on travaille sans salaire. On nous demande d’attendre la deuxième journée du championnat, jusqu’à ce que le club fasse des recettes avec la réception de la Linguère de Saint-Louis. C’est du n’importe quoi. Comment un club qui souhaite gagner le championnat national et fait une communication à outrance sur le nombre de joueurs recrutés, peut-il avoir des arriérés de salaires pour son staff ?  Même la plupart des joueurs recrutés n’ont pas reçu leurs primes de signature. C’est absurde ! Je leur ai dit : ‘‘on ne peut pas être champion dans ces conditions, arrêtez de m’emmerder. Vous ne pouvez pas avoir d’ambitions, si vous n’avez pas les moyens’’. Ils m’ont répondu qu’ils ont utilisé 8 millions à des fins extra-sportives. Mais ce n’est pas mon problème.

«L’AS Pikine a des ambitions démesurées»

Justement, il parait qu’il y a eu une altercation entre vous et le vice-président, Modou Fall, dans les vestiaires après le match contre Dakar Sacré Cœur…

Pour tout comprendre, il faut remonter le temps. J’avais décidé de démissionner le 12 octobre dernier à 6 jours du début du championnat. Une décision que j’avais partagée avec mes adjoints. Parce que je trouvais que les objectifs démesurés, alors que les conditions de travail ne sont pas réunies. Mais mes collaborateurs ont fait une réunion entre eux avant de venir me dire qu’il ne fallait pas être radical. Ils ont pensé à eux, ça se comprend. Ce qui m’a fait changer d’avis, même si je savais que je ne faisais que la reporter. J’ai eu la confirmation de mes inquiétudes après la défaite contre DSC (4-1, 1ère J.). A la fin du match, Modou Fall est entré dans les vestiaires et a commencé à me critiquer, à dire du n’importe quoi devant mes joueurs. Je l’ai remis à sa place avant que certaines personnes présentes ne le mettent dehors. Mais il est allé derrière la fenêtre pour me dire : ‘‘Je vais tout faire pour te licencier en cas de défaite lors du prochain match’’. Par la suite, ces gens ont tout fait pour que je perde le match contre la Linguère de Saint-Louis à domicile, afin de me mettre en mal avec les supporters et par la suite, pouvoir justifier mon licenciement. Les résultats ne suivent pas, c’est (souvent) parce que l’entraîneur n’est pas bon. Ce n’est pas ça, il manque plutôt de moyens. J’ai commencé à dénoncer et à tirer sur eux. Ils m’ont viré. C’est simple à comprendre. Sinon, pour quel motif licencie-t-on un entraîneur après seulement deux journées de championnat ? C’est parce qu’ils ont des ambitions démesurées alors qu’ils ont des manquements partout. Parce qu’aussi beaucoup de gens se demandent où l’argent du club est mis. Ils veulent un bouc émissaire et pour cela, l’idéal serait de me faire porter le chapeau. Mais non, je ne l’accepterai pas. 

Pensez-vous que c’est audacieux de la part des dirigeants de l’As Pikine, de dire que le club joue le titre cette saison ? 

Je suis d’accord pour l’objectif «Pikine joue le titre», mais ils n’ont pas les moyens. La preuve, les équipements sont venus 48H avant le premier match, alors qu’ils nous avaient dit que tout était en place. La vérité, c’est qu’ils ont dépensé les recettes des équipements vendus la saison dernière. Pour la présaison, le programme était d’aller faire un stage en Gambie. Mais sans surprise, l’équipe s’est rendue à Toubab Dialaw pour seulement 15 jours. Ils comptent sur la subvention de la Mairie et les quotes-parts des matchs, surtout à domicile. Une équipe ambitieuse ne fonctionne pas ainsi.

L’Obs 

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