Les pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel cogitent depuis hier, à Dakar sur l’introduction de l’Intelligence artificielle (Ia) dans la justice pour désengorger les prisons et accompagner les juges dans leur travail.
A l’ère du numérique, le Sénégal ne veut pas rater la révolution des données algorithmiques. Et pour cause, moins de 24 heures après le lancement du New deal technologique, le Centre de formation (Cfj) de Dakar a abrité hier les pays d’Afrique du l’Ouest et du Sahel pour un atelier d’échanges et de partage sous le thème : « Intelligence artificielle (Ia) et Etat de droit en Afrique de l’Ouest ». Représentant le Garde des Sceaux ministre de la Justice, Samba Kane a présidé la cérémonie devant les les délégations du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso, duTogo et de la Côte d’Ivoire.
En effet, cette rencontre de haut niveau, fruit dune collaboration entre le Centre de formation judiciaire (Cfj) et l’Organisation des Nations-Unies pour l’éducation et la science (Unesco), est une opportunité unique de réfléchir sur les défis et opportunités de l’IA pour la promotion de l’Etat de droit.
Selon le conseiller technique du Garde des Sceaux, cette conférence internationale déterminante sur l’Intelligence artificielle, mérite une attention particulière bien que ce phénomène soit encore moins visible dans notre région. « Il est indéniable que l’Intelligence artificielle est en train d’impacter le domaine judiciaire à travers notamment les évaluations de risque, la définition des peines et la justice prédictive soulevant des défis et enjeux considérables. Il est donc impératif que notre système judiciaire partout en Afrique de l’Ouest soit doté des compétences nécessaires pour mieux comprendre et gérer ses implications », a déclaré Samba Kane. Le conseiller technique du ministre de la Justice a souligné que le thème épouse la voie d’une révolution numérique révélatrice du moteur d’un développement inclusif dans le prolongement de l’agenda national de transformation « Vision Sénégal 2050 » tant le ministre Ousmane Diagne « ambitionne de contribuer à la construction d’un système judiciaire pour manier les outils de l’Intelligence artificielle tout en préservant les principes de la justice », a-t-il fait savoir.
« Il est cependant important de rester vigilant face aux risques associés à l’utilisation de l’Intelligence artificielle à la vie privée et les processus pour garantir l’équité, la légalité et l’intégrité des applications d’intelligence artificielle », a-t-il fait remarquer tout de même. Avec ses capacités d’analyse et de traitement de données offrant des opportunités sans précédent et permettant daméliorer, efficacement, la productivité dans plusieurs domaines notamment la justice, l’Intelligence artificielle ne donne pas, tout de même, une garantie à toute épreuve. « Il est essentiel de naviguer avec prudence dans cette nouvelle ère technologique qui soulève des questions éthiques et juridiques », a constaté le directeur du Cfj. D’après Souleymane Teliko, « nous devons, en particulier veiller à ce que les outils de l’Ia ne renforcent pas les inégalités existantes mais qu’ils contribuent plutôt à une justice équitable pour tous ». À en croire le représentant de l’Unesco, Michel Kenmo, l’Ia peut révolutionner les procédures judiciaires, aider à la rédaction des décisions juridiques et réduire les délais de traitements de dossiers de justice en permettant l’équité et la transparence. Toutefois, l’application de l’Ia dans les différentes juridictions, dit-il, dépend des politiques des pays sur le numérique. « Nous allons continuer à accompagner les Etats de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel mais c’est à eux de définir leur agenda sur l’utilisation de l’Ia dans le secteur de la Justice », a-t-il conclu.
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