Charity Ksewaa Damoah peut aisément témoigner des avantages du premier vaccin antipaludique recommandé pour prévenir la maladies chez les enfants : son aîné de 8 ans, qui n’est pas vacciné, a déjà été malade à nombreuses reprises, contrairement au cadet, John, âgé de 14 mois.
Depuis qu’il a été vacciné pour la première fois à l’âge de six mois, John n’a jamais été touché par le paludisme, une maladie potentiellement mortelle qui représente à la fois un fardeau important pour la santé et un risque très élevé pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans.
Charity Ksewaa Damoah se rappelle avoir eu peur lorsque les travailleurs de la santé de la municipalité de Sunyani Est, dans l’ouest du Ghana, l’ont encouragée à vacciner John contre le paludisme pour la première fois.
« Je suis allée à la clinique pour la pesée de l’enfant et les infirmières m’ont informée que mon fils allait recevoir deux injections, une contre la poliomyélite et l’autre contre le paludisme. J’ai eu peur au début parce que je n’avais jamais entendu parler de vaccination contre le paludisme, mais après les explications des infirmières, j’ai accepté que mon fils reçoive sa première dose », raconte-t-elle.
John, qui a désormais reçu trois des quatre doses requises du vaccin RTS,S, fait partie des milliers d’enfants ghanéens ayant bénéficié de ce nouveau vaccin qui a été ajouté au calendrier de vaccination de routine de plusieurs établissements de santé du pays.
En 2019, le Ghana a rejoint le Malawi et le Kenya au sein du Programme de mise en œuvre du vaccin antipaludique. Dans le cadre d’une stratégie à plusieurs volets visant à prévenir les maladies et les décès liés au paludisme dans le pays, ce programme ciblait la vaccination des enfants dans 42 districts répartis dans les sept régions du pays.
En février 2023, le Ghana a lancé une extension du programme de vaccination antipaludique, qui devrait fournir des vaccins aux enfants dans 51 districts supplémentaires des sept régions du pays.
Depuis 2016, l’année au cours de laquelle l’incidence du parasite du paludisme était de 20,6 % chez les enfants de moins de cinq ans, le Ghana a pris des mesures qui lui ont permis de ramener le taux d’incidence à 14,6 % en 2019. La stratégie de vaccination antipaludique du Ghana a été complétée par une série d’autres interventions, notamment l’élaboration de lignes directrices nationales, le traitement du paludisme chez les femmes enceintes et le financement de formations sur les systèmes d’information géographique. Ces interventions combinées ont permis de réduire le nombre de décès dus au paludisme chez les patients hospitalisés de 428 en 2018 à 155 en 2022.
Kwaku Agyeman-Manu, Ministre de la santé du Ghana, salue les succès obtenus, exhortant tous les parents et le personnel soignant du Ghana à suivre l’exemple de parents tels que Charity Ksewaa Damoah et à vacciner leurs enfants éligibles contre le paludisme.
Alice Abban, une habitante de Cape Coast, dans la région centrale du Ghana, partage cet avis. Après avoir emmené son petit-fils Griffin pour sa deuxième dose à la polyclinique Ewim, elle confirme qu’il est le seul membre de toute sa famille à n’avoir jamais contracté le paludisme.
Selon le Ministre Agyeman-Manu, les statistiques prouvent que les vaccins sauvent des vies d’enfants. « Les vaccins constituent l’une des interventions de santé publique les plus rentables et le meilleur moyen d’aider les enfants à survivre », souligne le Ministre.
En décembre 2022, un total de 1,4 million de doses du vaccin avaient été administrées aux enfants éligibles au Ghana, avec 459 446 enfants qui ont reçu au moins une dose et 184 418 enfants qui ont bénéficié des quatre doses.
Le Dr Francis Kasolo, Représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Ghana, déclare que le vaccin antipaludique a été un plus pour les initiatives de lutte contre le paludisme car il offre la possibilité d’atteindre rapidement les enfants avec une intervention d’importance vitale.
« Il est essentiel que toutes les parties prenantes fassent connaître l’importance de la vaccination antipaludique, ainsi que de toutes les autres vaccinations de l’enfant, pour protéger la vie et les moyens de subsistance de nos enfants et des générations futures », a-t-il fait observer.
Le programme de mise en œuvre des vaccins est coordonné par l’OMS et soutenu par le Programme de technologie appropriée pour la santé (PATH), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le fabricant de vaccins GSK plc et d’autres parties prenantes, avec un financement de Gavi, l’Alliance du vaccin, du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et de la Facilité internationale d’achat de médicaments (Unitaid). En plus de jouer un rôle essentiel de coordination, l’OMS a formé plus de 1500 agents de santé communautaires dans 51 districts pour qu’ils puissent diriger les efforts de vaccination.
L’offensive actuelle contre le paludisme a donné aux parties prenantes l’espoir que le Ghana progresse effectivement sur la voie de l’élimination du paludisme.
« Nous sommes ravis que le vaccin antipaludique soit bien accepté par les communautés et que la demande soit forte. Nous sommes convaincus que cela consolidera les progrès que nous avons déjà accomplis vers l’élimination du paludisme », déclare John Bawa, Responsable et Chef d’équipe pour l’introduction de nouveaux vaccins chez PATH.