Kabirou Mbodjie est presque oublié. Le fondateur de Wari croupit depuis le 3 novembre 2022 à la prison de la Santé, en France. Un revirement judicaire détonnant puisque le 13 octobre de cette même année, il avait été mis en examen (inculpé) pour de présumés viols avant d’être placé sous contrôle judiciaire. Quelques jours plus tard, le parquet, qui évoquait des «risques réels de fuite », avait récusé ce contrôle judiciaire.
Libération est en mesure de révéler que le 30 novembre 2022, donc 27 jours après le placement en détention de Kabirou Mbodjie, le juge en charge du dossier avait pris une ordonnance de mise en liberté sous réserve du paiement d’un cautionnement préalable et de placement sous contrôle judiciaire.
En parcourant le document, on se rend que le fondateur de Wari est accusé par quatre femmes à des périodes différentes. Trois des victimes présumées soutiennent que les faits en cause ont lieu le 7 octobre 2022 dans l’appartement parisien de Kabirou Mbodjie suite à une soirée très arrosée ; une quatrième accuse le fondateur de Wari des mêmes faits, dans le même lieu, à la date du 21 mai 2022.
Dans sa décision, le juge avait ordonné la mise en liberté de Kabirou Mbodji à la date du 9 décembre 2022, s’il n’était pas détenu pour autre cause. Le magistrat avait aussi fixé la caution à 600.000 euros, c’est-à-dire 200.000 euros «pour la représentation à tous les actes de la procédure et pour l’exécution du jugement ainsi que l’exécution des autres obligations » prévues par l’ordonnance ; et 400.000 euros pour le paiement de la «réparation des dommages causés par l’infraction et des restitutions ainsi que de la dette alimentaire, des amendes… », d’après l’ordonnance obtenue en exclusivité par Libération.
Plusieurs obligations étaient fixées à Kabirou Mbodje : ne pas sortir du territoire métropolitain ; ne pas sortir de son domicile parisien sis à l’avenue d’Iéna entre 20 heures et 7 heures ; se présenter à compter du 12 décembre 2022, puis tous les jours au commissariat de police du 16ème arrondissement ; remettre avant le 15 décembre 2022 ses pièces d’identité au greffe des voies de recours du tribunal de Paris ; s’abstenir de recevoir, rencontrer, ou rentrer en contact avec les plaignantes ; et, enfin, verser le cautionnement de 600.000 euros dont 200.000 euros au titre du cautionnement libératoire, dans un délai de 6 mois à compter de l’ordonnance.
Le parquet s’est-il opposé à cette ordonnance ? Kabirou Mbodjie a-t-il peiné à respecter les conditions y contenues notamment financières ? Des sources judiciaires planchent sur la première hypothèse. Dans tous les cas, cette ordonnance n’a pas eu d’effet puisque plus d’un an après sa signature, le fondateur de Wari est toujours en prison en attendant une décision définitive de la justice française.