En mars 2023, la MINUSMA a lancé un projet pour préparer la réinsertion socio-professionnelle de détenus de la Maison d’Arrêt et de Correction (MAC) de Gao. Ce projet devait offrir à 40 détenus, dont une femme et 13 mineurs, la possibilité de suivre des formations pratiques dans divers domaines pour leur donner des compétences professionnelles solides pour favoriser leur réintégration dans la société après leur libération. Le 30 mai 2023, des fonctionnaires de la MINUSMA ont passé quelques heures avec eux lors d’un cours d’électricité et de mécanique.
Un projet de réinsertion qui transforme des vies
Sous le seul arbre de la cour, de la Maison d’arrêt et de correction de Gao en cette fin du mois de mai, et alors que le thermomètre affiche près de 50 degrés, une vingtaine de détenus sont repartis en trois groupes. Les deux premiers s’activent autour de deux tables sur lesquelles sont disposées les maquettes d’un circuit électrique à installer. Le troisième groupe est assis en cercle autour d’un moteur démonté.
Housseni YACOUBA, le professeur d’électricité donne ses instructions aux deux premiers groupes. Exercice : « Aujourd’hui, vous installerez le système électrique du studio de la radio Mikado FM (la radio des Nations unies au Mali) en vous basant sur le schéma architectural dessiné ici au tableau ». Pendant ce temps, les participants à l’atelier mécanique reçoivent eux aussi les consignes de leur formateur. Leur exercice à eux consiste à monter le moteur d’une moto tricycle entièrement démonté et le redémarrer.
Plus d’une heure plus tard, les détenus rendent leurs exercices à la plus grande fierté des deux formateurs. « Je suis professeur d’électricité dans un centre de formation professionnelle à Gao et j’ai voulu faire bénéficier à mes frères détenus de mes connaissances. Je suis également prêt à les aider à leur sortie de prison » affirme Housseni YACOUBA. « Au début, ils étaient un peu hésitants mais après quelques jours ils ont commencé à aimer » déclare-t-il avec satisfaction.
Ibrahim (prénom d’emprunt) fait partie des détenus qui bénéficient de ce projet de réinsertion. Incarcéré depuis plus d’un an, il voit cette formation comme une aubaine qui lui permettra d’ouvrir un nouveau chapitre de sa vie. « Je suis la formation en mécanique et aujourd’hui, je suis capable de démonter et de monter les moteurs de tout type de moto. S’il plait à Dieu, à ma sortie j’aurai mon atelier pour mettre en pratique ce que j’ai appris et m’en sortir dans la vie » affirme-t-il.
En plus de la mécanique et de l’électricité, des formations en plomberie sanitaire et peinture bâtiment sont proposées aux détenus de la MAC de Gao. Les détenus mineurs quant à eux bénéficient de cours d’alphabétisation.
Pour le Lieutenant-Colonel Djibril KOÏTA, Régisseur de la MAC de Gao, ce projet illustre la qualité du partenariat de l’institution qu’il dirige avec la MINUSMA. « Nous sommes en train d’œuvrer avec notre partenaire pour préparer les personnes privées de liberté à leur réinsertion. Au niveau de l’administration pénitentiaire, nous avons plusieurs types de sécurité parmi lesquelles la sécurité dynamique qui comporte la formation des détenus » affirme le Lieutenant-Colonel KOITA. Pour lui, « un délinquant formé et installé à son propre compte quittera le milieu de la délinquance car n’étant plus oisif ».
Ce projet s’inscrit dans la continuité des efforts de sensibilisation des détenus à la prévention de la radicalisation et à la lutte contre l’extrémisme violent. Il comprend un suivi psychologique, correctionnel et éducatif pour préparer les détenus à leur réintégration réussie dans la société, avec le soutien de la mission onusienne comme l’a expliqué Madame Saye NDIME de la MINUSMA. Ce projet de réinsertion socio-professionnelle offre donc une seconde chance aux détenus de la MAC de Gao, en leur offrant des formations pratiques et en développant leurs compétences.