L’atelier de lancement du projet de recherche intitulé « Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à des régimes alimentaires sains au Sénégal » a débuté à Dakar ce mardi. Une rencontre organisée par le Consortium pour la recherche économique et sociale (CRES) qui, il y a presque 10 ans, avait lancé un programme de recherche sur les facteurs de risque des maladies non transmissibles (MNT). Avec pour ambition de consacrer une partie de ses efforts de recherche à des questions qui, bien que ne figurant pas en tête de l’agenda des décideurs publics, sont appelées à prendre une place importante dans les sociétés et économies africaines à moyen et long terme. « Une décennie d’efforts en matière de recherche et de plaidoyer a sensiblement changé la situation de la lutte contre le tabagisme en Afrique de l’Ouest. Tout en poursuivant ses efforts pour faire baisser la prévalence du tabagisme en Afrique de l’Ouest, notamment par une fiscalité forte qui augmente régulièrement les prix des produits du tabac, le CRES a porté son attention sur un autre facteur de risque des MNT. Les MNT chroniques les plus courants résultent principalement d’interactions entre un ensemble de facteurs de risque incluant l’inactivité physique, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool et une mauvaise alimentation. Mais, la mauvaise alimentation demeure le principal facteur de risque de maladie, de décès et d’incapacité, dans le monde entier. Une alimentation peut être considérée comme mauvaise, lorsque prédominent dans sa composition des aliments et boissons à forte teneur en gras saturés, en acides gras transformés, en sucres libres et en sel, alors qu’elle est pauvre en fruits et légumes. Cette alimentation provoque l’hypertension, l’obésité et le surpoids qui jouent un rôle majeur dans l’expansion des MNT. La hausse de la prévalence de l’obésité, la consommation accrue d’aliments de mauvaise qualité et la dénutrition, qui est toujours omniprésente dans des pays comme le Sénégal, contribuent fortement à l’expansion des MNT. Du fait de ces maladies, des millions de personnes mourront prématurément ou verront leur qualité de vie compromise. Aujourd’hui, la plupart des pays dans le monde, doivent porter le fardeau des maladies non transmissibles. Quant au Sénégal, il fait face avec d’autres pays africains, au phénomène du triple fardeau nutritionnel, avec la persistance, à la fois, de la sous-nutrition, des carences en micronutriments et de la surnutrition. En même temps qu’il doit combattre la prévalence des facteurs de risque des MNT imputables à son système alimentaire, il doit poursuivre aussi ses efforts pour faire reculer fortement la sous-alimentation », a relevé Pr Abdoulaye Diagne, directeur du CRES.
A ses yeux, agir sur l’alimentation pour qu’elle soit plus saine et plus nutritive est incontestablement une voie royale pour combattre les différentes formes de malnutrition. « Mais cette action a pour préalable une bonne compréhension des liens complexes entre les systèmes alimentaires, les choix alimentaires et l’état nutritionnel de la population », a-t-il défendu.
Sur la base d’une vaste enquête, le CRES, en partenariat avec le LARNAH de l’UCAD, la DSME du MSAS et la FAO, a touché 1800 ménages sénégalais et 3800 individus composé de jeunes et d’adultes. Et de préciser que le projet de recherche, « Agir sur les environnements alimentaires pour un accès universel à des régimes alimentaires sains au Sénégal », a pour ambition d’exploiter ces données primaires pour mieux saisir le lien entre régime alimentaire, malnutrition et environnement alimentaire dans le contexte sénégalais.
« La rationalité qui sous-tend le projet de recherche est que l’évolution vers des régimes nutritionnels au Sénégal dépend d’un changement de comportement des acteurs du système alimentaire et des politiques façonnant l’environnement de ce système. Un tel changement requiert la production et l’utilisation de connaissances tirées du contexte sénégalais. En produisant de telles évidences et en les mettant à disposition des favorisant la mobilisation des acteurs du système alimentaire pour des changements qualitatifs, le projet contribuera à l’évolution de l’environnement du système alimentaire sénégalais vers des régimes nutritifs qui baisseront la prévalence de la malnutrition et des MNT liées à l’alimentation. L’atelier d’aujourd’hui nous offre l’opportunité de partager avec vous la motivation, les objectifs, les méthodologies et les résultats des investigations qui seront menées au cours des deux prochaines années. L’équipe de chercheurs souhaite bénéficier des commentaires, des suggestions de vous tous ici présents. Vous contribuerez ainsi à l’amélioration du projet sous ses différents aspects, en conséquence à sa pertinence, avant que ne démarre réellement sa mise en œuvre », a expliqué le sieur Diagne.
A l’en croire, cet atelier sera le point de départ d’un partenariat durable entre les chercheurs, les décideurs publics, les organisations de consommateurs, et le secteur privé autour du thème « SA et MNT ». « Travailler ensemble pour faire reculer les MNT dues aux systèmes alimentaires serait une immense contribution au développement des sociétés africaines, à l’amélioration de leur bien-être. La concertation permanente est indispensable pour que les progrès attendus des efforts des différents acteurs en faveur de l’adoption d’une alimentation saine par les ménages sénégalais soient au rendez-vous », a dit le directeur du CRES avant de se réjouir du partenariat avec le ministère de la Santé et de l’Action sociale, notamment dans le cadre de la lutte contre le tabagisme.