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Budget et finances : résilient malgré tout (par Moustapha Diakhaté)

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Sommes-nous vraiment capables de faire une analyse plus lucide qui va au-delà des rations et agrégats budgétaires conjoncturels. Malheureusement, c’est trop demander à une frange de nos économistes si tentés d’être à la remorque de Bretton Woods pour assurer le service-après vente des conclusions et recommandations issues de leur revue sur les programmes conjoints avec le Sénégal.

En vérité, le Sénégal retourne à l’orthodoxie dans les grandes orientations de la gestion budgétaire, une volonté politique des nouvelles autorités de sortir du cercle vicieux – depuis 2012 – de prévisions irréalistes basées sur des niveaux taux de croissance presque fantaisistes. Systématiquement, toutes les prévisions de croissances ont été revues à la baisse – souvent de plus de 200 points de base – et par le FMI et souvent en dernier ressort par les techniciens de Peytavin. Le Sénégal veut rompre avec des lois de finance rectificative qui succèdent systématiquement aux lois des finances initiales avec l’option de sincérité, de fiabilité et de rigueur dans la programmation budgétaire. C’est un nouveau marqueur qui appelle un cadrage macroéconomique plus fiable et plus réaliste des budgets surtout dans le contexte de chocs de toute sorte. Nous savions tous que l’ex régime avait opté pour l’inflation budgétaire qui a fini par ôter toute crédibilité à nos politiques économiques et financières. Déjà, pour cette année, nous en étions à 7 000 milliards de budget, à l’orée du troisième trimestre 2024, les taux de recouvrement de recettes internes – fiscales et non fiscales – dépassent à peine 65%, soit un montant de résistance de 4 390 milliards environ Les efforts publics d’ajustement budgétaire sont salutaires, c’est la voix que semblent emprunter les nouvelles autorités, malheureusement, une lecture partielle des revues du FMI ne reflète pas cette volonté auprès de nos concitoyens. Il est vrai aussi que des efforts doivent être faits rapidement sur la dette intérieure, mais il faut noter que pour la campagne agricole et les bourses des étudiants, des efforts importants ont été faits sur la globalité de l’ardoise. Le BTP local a besoin d’être soutenu avec ces remboursements d’autant plus qu’il absorbe beaucoup de main-d’œuvre. Et pourtant, l’économie du Sénégal se redresse avec un niveau d’inflation plus stable qui permet de préserver le niveau des pouvoirs d’achat. C’est une conclusion majeure de la revue du FMI, notre résilience économique financière permet de stabiliser les prix, même ceux des produits pétroliers. Nos perspectives économiques restent donc rassurantes avec le démarrage de l’exploitation du pétrole offshore de Sangomar  pour générer les devises fraîches issues des recettes d’hydrocarbure pour rembourser la dette et rééquilibrer notre balance extérieure, en plus d’un climat des affaires amélioré avec notre sortie de la liste grise du GAFI. Une performance majeure des nouvelles autorités tant la présence de cette liste pèse dans les grandes décisions d’investissement. Déjà, en termes d’IDE, le Sénégal  fait mieux que tous les pays de l’UEMOA avec presque 2,64 milliards de dollars US d’investissement direct étrangers en 2023 et notre classement reste auprès de Moody’s, Standard Poors inchangé. L’affaire est cependant réelle, un contexte dû aux attentes sur la feuille de route – le PROJET – des nouvelles autorités, en attendant l’économie sénégalaise reste résiliente et c’est l’essentiel.   

Moustapha DIAKHATE

Ex Conseiller Special du Premier ministre

Expert et Consultant Infrastructures et Energie

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