En à peine 70 jours après sa nomination en tant que ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye a engagé, à travers un atelier de partage de l’avant-projet de loi relative aux activités physiques et sportives, le combat pour redéfinir, avec le mouvement sportif, les contours des nouveaux textes législatifs et réglementaires adaptés aux nouveaux défis et enjeux du sport. Une sorte de nouveau Code du sport qui va enterre la vielle loi portant Charte du Sport de 1984.
L’ex cheffe de service régional des Sports de Dakar et de Kaolack a ainsi convié hier, dans un hôtel de Dakar, le mouvement sportif pour l’actualisation un cadre juridique», une exigence au vu des profondes mutations du secteur sportif liés aux enjeux politiques, économiques et sociaux des temps modernes. A ses yeux, cette rencontre se « distingue des précédentes en ce sens qu’elle se veut pragmatique et aboutira à l’adoption d’un nouveau cadre législatif et règlementaire».
« Un nouveau départ pour le sport sénégalais »
« Il y a plus de dix années que ce processus a été lancé et, en ma qualité de cadre du secteur, j’avais pris part activement à ce processus en tant que rapporteur de la commission chargée de statuer sur les textes relatifs à la formation et les ressources humaines. C’est pourquoi, la cérémonie qui nous réunit aujourd’hui revêt pour moi une importance particulière, en ce sens qu’elle marque un nouveau départ pour le sport sénégalais. Le sport est devenu de nos jours, un fait social total, intégrant des dimensions d’ordre éducatif, politique et économique. Il demeure de ce fait au centre de tous les enjeux, raison pour laquelle le Gouvernement lui accorde une importance capitale dans la mise en œuvre du Projet de transformation systémique du Sénégal. Il faut noter que, depuis plus d’une quinzaine d’années, le diagnostic de la situation des activités physiques et sportives met en exergue le caractère non conforme du cadre juridique. Dans le cadre de l’analyse de la situation, l’Etat et le mouvement sportif se sont toujours accordés sur l’inadéquation des textes législatifs et réglementaires qui régissent le sport au Sénégal face à l’évolution de la pratique et de son environnement. En effet, sur plusieurs aspects, la loi 84-59 Portant Charte du Sport, texte de base qui organise jusqu’ici le sport sénégalais, a montré ses limites par rapport aux exigences d’une pratique sportive moderne. Que ce soit sur l’amateurisme qu’elle promeut, sur la durée des mandats des comités directeurs, sur la lutte contre les fléaux tels que le dopage qui gangrènent le sport ou sur les mécanismes de financement, l’urgence est réelle d’adapter la loi au contexte actuel de l’évolution de la pratique. En outre, la non prise des textes d’application de cette loi n’a pas permis de rendre effectif beaucoup de grands principes dont elle était porteuse. C’est pourquoi, il avait été créée, en 2013, une commission présidée alors par un éminent magistrat, ancien juge au Tribunal arbitral du Sport de Lausanne, Ousmane Kane que je salue au passage, et dans laquelle beaucoup de sommités du droit et du sport de notre pays avaient siégé », a-t-elle déclaré non sans leur rendre un hommage solennel et leur dire que c’est le fruit de leur intense réflexion, dans tous les domaines du sport, qui a servi de substrat à ce projet de finalisation de cette réforme tant attendue.
C’est pour ces efforts ne soient pas vains que la ministre des Sports a tenu ce conclave avec les experts pour piloter cette réforme. « Je suis persuadée que l’essentiel du travail a été effectué, et espère que les différentes contributions de toutes les structures ici présentes, que j’ai tenu à associer au processus, donneront un plus grand relief à ce travail. Comme vous pouvez le constater, il reste encore à faire, mais l’essentiel est de garder le cap, jusqu’ à l’atteinte de notre objectif de valider le cadre juridique formalisant le nouveau consensus sur le sport sénégalais », a-t-elle poursuivi.
Pour rappel, en 2013 déjà, des travaux avaient été entamés dans ce sens. Quatre commissions furent créées, avec des experts, des avocats, des magistrats, des fiscalistes et l’ensemble du mouvement sportif, en relation avec les cadres du ministère des Sports. Le secrétaire général du Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) revient là-dessus. « On avait travaillé sur un document appelé Code du Sport, et après validation par tout le mouvement sportif, il avait été remis à Mimi Touré qui était alors Premier ministre. A son arrivée, la nouvelle ministre a repris le texte. On fait la synthèse et on est venus aujourd’hui (hier) en plénière pour l’exposer, pour que le mouvement sportif, les experts et d’autres personnes puissent donner leur avis au texte qui va aboutir au Code du Sport», a relevé Seydina Diagne.
Pour lui, le Comité préparatoire retournera en conclave avant de donner un texte final. Passé ce large consensus, il sera remis à la ministre des Sports. Laquelle se chargera de le présenter en Conseil des ministres. Comme la dernière fois, une rencontre avec le Premier ministre Ousmane Sonko devrait avoir lieu. Bref, tout un circuit qui ne se réglera pas en 2-3 mois vu que le Code du Sport touche beaucoup de départements. Ce sera ensuite au président de la République d’emmener le texte à l’Assemblée nationale pour qu’il soit adapté et qu’on puisse le prendre comme une loi.