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Aline Sitoé Diatta : un symposium international pour marquer les 80 ans de sa disparition

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Un symposium international marquant la célébration des 80 ans de la disparition d’Aline Sitoé Diatta sera organisé le 22 mai 2025 par le mouvement de pensée Impluvium, en collaboration avec l’Association sénégalaise de philosophie (ASEPHI), le Laboratoire de recherche en Sciences économiques et sociales (LARSES) de l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ), le Laboratoire de recherches sur les Institutions et la Croissance (LINC) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). L’événement qui aura lieu à l’UASZ a pour thème : « Aline Sitoé : 80 ans après, l’actualité d’une icône des luttes de libération et du refus de la désafricanisation ».
Née en 1920 à Kabrousse, au sud du Sénégal, Aline Sitoé est décédée en 1944 à Tombouctou, au Mali. Appelée par Marouba Fall, la « Dame de Kabrousse », elle est une figure marquante de la résistance contre l’oppression coloniale. La preuve, affirme la note de présentation, bien avant la formulation de l’idée de panafricanisme et en réaction à la domination étrangère, l’histoire du continent est ponctuée d’actes de résistances dont ceux de Aline Sitoé. Du jour au lendemain, elle a fait partie des mères de famille ou des jeunes filles tout à fait ordinaires qui sont muées en héroïnes, poussant le peuple à réagir face à une menace étrangère et donnant à voir un panafricanisme africain naissant.
Après la mort de son père, elle est élevée par un oncle paternel. À 18 ans, elle décide de voler de ses propres ailes. Elle se rend à Ziguinchor pour travailler comme docker et gagner sa vie. Pendant la saison sèche, elle rejoint Dakar et y trouve un emploi de femme de ménage chez un colon français. C’est dans la capitale qu’elle entend, pour la première fois, des voix lui intimant l’ordre de libérer son peuple de l’administration coloniale. Elle est d’abord réticente mais elle finit par accepter cette mission et retourne en Casamance. Son engagement repose sur un idéal de liberté et d’égalité, inspiré de la culture diola, où l’infériorité d’un individu par rapport à un autre est inconcevable. C’est ce principe
fondamental qui a guidé le combat qu’elle a mené avec intelligence et une détermination sans faille, apprend-on. Sitôt arrivée à Kabrousse, Aline Sitoé Diatta appelle les villageois à la désobéissance civile qui se définit comme “le refus de se soumettre à une loi inique, à un pouvoir dictatorial ou la
résistance à une décision injuste ou à un régime qui viole les droits humains”, selon Henry David Thoreau, auteur de Civil disobedience (1849). À l’instar de Gandhi ou de Martin Luther King, elle initia, de manière non-violente, un mouvement de désobéissance civile.
80 ans après sa mort, place à cet événement scientifique, initialement prévu en 2024, pour mettre en exergue ce qu’elle prêchait – un triple refus : refus de payer l’impôt, refus de cultiver l’arachide destinée à l’exportation et refus de s’enrôler dans l’armée française qui avait besoin de combattants pour mettre fin à l’occupation de la France par l’Allemagne hitlérienne. En effet, le face-à-face entre Aline Sitoé et le pouvoir colonial ne se situa qu’entre 1942 et 1943 mais son message survécut jusque dans les années 1980 à travers les chansons cultuelles du Kassa. Elle s’est également présentée en visionnaire, éveillant très tôt les consciences sur le rôle crucial de l’identité dans la préservation de la culture d’un groupe humain ou d’un peuple. Elle tirait sa force d’un attachement très fort à son identité, sans laquelle l’individu perd ses racines. C’est en partie pour cette raison qu’elle a prôné un retour aux sources et valorisé d’anciens rites sacrés et coutumes telles que la semaine diola qui consistait à travailler cinq jours et à se reposer le sixième jour, rétablissant le jour sacré, conformément au respect des traditions. Elle conservait cependant une vision moderne des traditions, fruit de ses pérégrinations à Ziguinchor puis à Dakar.

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