Des citoyens sont sortis dans toute la Russie vendredi 16 février pour tenter un dernier hommage à l’opposant condamné pour « extrémisme ». D’autres sont restés murés dans l’indifférence. D’autant que la police veille.
Les éditions d’hier soir des journaux télévisés se sont montrées laconiques. Sur 45 minutes du journal phare de la première chaîne, 28 secondes ont été consacrées à la mort d’Alexeï Navalny ; 28 secondes dédiées à la lecture du communiqué de l’administration pénitentiaire.
Ce samedi matin, pas un mot à la une de la Komsomolskaya Pravda ou de la Rossiskaya Pravda, rien non plus sur le site internet. Les autres médias, le plus souvent eux aussi citent le communiqué de l’administration pénitentiaire, ainsi que le Kremlin, qui tempête devant des réactions internationales jugées « inacceptables ».
Seule la presse indépendante et en exil consacre de l’espace à la mort de l’opposant, soulignant souvent qu’Alexeï Navalny venait d’effectuer son 27ᵉ passage à l’isolement. Au total, sur ses 1 126 jours de détention, il en aura passé un tiers dans ce mode de punition.
Hier soir, les rassemblements signalés sur l’ensemble du territoire russe ont consisté essentiellement en des files silencieuses pour déposer des fleurs, le plus souvent sur les monuments aux victimes de répression politique. Ces rassemblements ont tous tourné court, plus ou moins rapidement : tard dans la soirée parvenaient encore des images de policiers très nombreux embarquant tous ceux encore à proximité des lieux.
Cette nuit à Moscou, Saint-Pétersbourg, Krasnodar, Vladivostok notamment, des silhouettes inconnues en capuche ont été vues en train de ramasser les fleurs déposées et les mettre dans des sacs-poubelle. À Khabarovsk dans l’Extrême-Orient, un média indépendant, note : « il ne reste désormais que des traces de bougie ». Quelques têtus sont venus replacer cette nuit dans la capitale russe des œillets rouges sur la « pierre des Solovki », le mémorial dédié aux victimes des répressions soviétiques dans le centre de la capitale. Au petit matin, dans la neige abondante tombée ces derniers jours, le monument et les fleurs étaient gardés par des policiers en faction.
Rfi
