L’évêque de Thiès a animé la grande messe de la 136e édition du Pèlerinage marial de Popenguine ce lundi 20 mai 2024. Depuis le nouveau sanctuaire, occupés par des milieux de pèlerins du Sénégal et de la sous-région, Monseigneur André Gueye a fait son homélie autour du thème : « Avec Marie, notre mer, marchons ensemble pour un Sénégal de justice et de paix ». Une façon de pousser à « semer autour de nous la justice et la paix, en paroles et en actes, en méditant notre cœur et notre conscience ».
« Le partage d’une information naïve, fausse, peut faire éclater une bombe »
En effet, le contexte du thème vient du Forum de Thiès organisé en juin 2022, se basant sur la lettre pastorale des évêques du Sénégal donnée en 1914. Un contexte rattrapé par l’élection présidentielle du 24 mars dernier qui a abouti au plébiscite de Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour. A ses yeux, « Dieu a accompli sa part, à nous maintenant de jouer pour que dans l’amour et la paix nous préservions la justice et la paix, des compagnons inséparables dans le langage biblique ». De quelle justice si elle ignore la vérité et l’amour du prochain ? Pour lui, « c’est bien une belle justice que le Christ nous demande de pratiquer. Une justice qui concerne même les intentions les plus secrètes de nos cœurs. Ce ne sont pas de simples slogans, mais nos attitudes, comportements, manière de voir et d’être qui doivent les incarner. Et les promouvoir est une œuvre sans fin et pour laquelle il faut de la patience, de l’humilité, du courage, vous accepter les uns les autres dans nos différences et décider à aller dans la même direction. »
Monseigneur Gueye considère que le plus fondamentale, c’est d’accepter de changer nos comportements, nos mentalités. Ce qu’on appelle la conversion. Bien sûr, avec la grâce de Dieu. Il souhaite ainsi que « nous repartions de Popenguine avec de petites résolutions concrètes et réalistes pour travailler avec un peu plus de paix, de justice dans nos pratiques ». « Je ne parle pas seulement de ceux et celles qui ont en charge la justice. Cela revient à renoncer à tout ce qui pourrait fragiliser la paix et la justice, surtout par l’intermédiaire des réseaux sociaux. Utilisons les avec responsabilité et non appeler à la haine ou à la violence. Le partage d’une information naïve, fausse, peut faire éclater une bombe. Comme le dit Saint Paul, il faut que notre amour soit sans hypocrisie, vrai et sincère.
Pour un audit des comportements
Autrement, s’attacher au bien car tous les moyens ne sont pas », a-t-il expliqué, incitant à être unis aux uns aux autres pour préserver notre héritage : un peuple, un but, une foi. Une manière, d’après lui, de rivaliser de respect les uns pour les autres. Car c’est dans ce respect que réside le dialogue, l’ouverture à l’autre, l’entente et la solidarité. Il n’oublie pas le respect des lois et règlements, le respect du bien commun. A l’en croire, les moyens mis à notre disposition par la communauté civile et ecclésiale doivent être gérés de manière transparente et juste.
Parlant des audits en cours lancés par le nouveau régime, il invite à ne pas tomber dans les travers et suggère un audit des comportements. Revenant sur les biens faits de la solidarité, il cite en exemple la pandémie de Covid-19 qui nous a appris que nul ne peut se semer tout seul. D’où la nécessité d’être solidaire, partager avec tous ceux qui sont dans le besoin, pleurer avec ceux qui pleurent et être dans la joie avec ceux qui sont dans la joie. Enfin, l’évêque de Thiès appelle-t-il au pardon et au dépassement. Citant Saint Paul, il déclare : « Ne rendez à personne le mal pour le mal, bénissez ceux qui vous persécutent, ne vous faites pas justice vous-même. C’est à Dieu qu’il revient de le faire. Vivez en plein accord les uns avec les autres. N’aspirez pas à ce qui est élevé, mais laissez-vous attirer par ce qui est humble… » Il trouve ainsi que le chemin de la paix est exigeant et éprouvant mais c’est le chemin à parcourir avec le secours de Marie.